par Alasdair Reilly et Claire Ruckin

LONDRES, 31 décembre (Reuters) - Les prêts syndiqués dans l'ensemble Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) ont atteint 1.200 milliards de dollars (991,6 milliards d'euros) en 2014, soit le montant le plus élevé depuis 2007 et 25% de plus qu'en 2013, selon des données collectées par Thomson Reuters LPC.

L'activité de prêt a été soutenue par le retour du phénomène des acquisitions par endettement et par un niveau record de refinancement.

A 211,2 milliards de dollars, le volume des prêts liés à des opérations de fusion-acquisition a plus que doublé par rapport à 2013 (100,2 milliards). Cette forte hausse traduit la confiance des emprunteurs dans leurs capacités d'action tandis que la vigueur des marchés obligataires et actions a garanti aux prêteurs d'obtenir des remboursements rapides via les marchés de capitaux.

Ce phénomène a été illustré par le prêt de 12,5 milliards d'euros (15,13 milliards de dollars) ayant permis à l'équipementier automobile allemand ZF Friedrichshafen d'acquérir son concurrent américain TRW Automotive.

De même, les groupes chimiques et pharmaceutiques allemands Merck KGaA et Bayer ont aussi sollicité les banques en 2014 pour financer de grandes acquisitions. Le premier a obtenu 15,6 milliards de dollars pour acheter l'américain Sigma-Aldrich tandis que le second a emprunté 14,2 milliards de dollars pour s'offrir la division grand public du géant pharmaceutique américain Merck & Co.

Le principal moteur de l'activité en 2014 est toutefois resté le refinancement, qui a représenté 68% du volume total des prêts.

Les opérations de refinancement ont atteint en 2014 la somme de 798,3 milliards de dollars, un record. Parmi les principaux emprunteurs en Europe, beaucoup ont tenté de renégocier à leur avantage leurs conditions de prêts en profitant de l'abondance de liquidités sur les marchés et de la concurrence entre les banques.

BNP PARIBAS DOMINE LE CLASSEMENT

Le géant du négoce et des mines Glencore s'est ainsi refinancé en juin à hauteur de 15,3 milliards de dollars à un meilleur tarif que l'emprunt de 17,3 milliards de dollars contracté en 2013.

D'autres grandes opérations de refinancement ont été réalisées par Nestlé, Shell, Volkswagen ou GDF Suez.

Cette vague de refinancement étant désormais en grande partie terminée, les banques devraient maintenant se concentrer sur une accélération des fusions-acquisitions ou sur le financement d'infrastructures.

"Les fusions-acquisitions sont de retour, 2015 sera encore une année record", prédit un avocat.

La banque française BNP Paribas a une nouvelle fois dominé le classement régional des établissements engagés dans le prêt syndiqué, avec 55 milliards de dollars issus de 249 contrats. Deutsche Bank a fait à peine moins, à 54,6 milliards de dollars, devant Citigroup, à 40,2 milliards. (Avec Sandrine Bradley; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Angrand)