(Répétition sans changement du papier bilan transmis vendredi midi)

* Le marché français du M&A a reculé de 9% en 2016-étude

* Dans le monde, les transactions ont baissé de 17%-étude

* Les USA resteront une destination privilégiée du M&A en 2017

* Graphique de l'évolution des opérations de M&A en France: http://bit.ly/2hyCSJ8'>http://bit.ly/2hyCSJ8

par Matthieu Protard

PARIS, 30 décembre (Reuters) - Après une année 2016 marquée par d'importantes consultations électorales, le marché des fusions et des acquisitions (M&A) aura début 2017 les yeux braqués vers les Etats-Unis, où le nouveau président Donald Trump mettra en oeuvre sa politique économique.

Entre mesures protectionnistes, dérégulation, investissements dans les infrastructures, le programme de Donald Trump, qui entrera en fonction le 20 janvier, suscite encore de nombreuses interrogations. Mais les Etats-Unis devraient, selon des banquiers d'affaires, rester une destination privilégiée pour les opérations transfrontalières de M&A, surtout pour les entreprises étrangères en quête de croissance hors de leur marché domestique.

Ces derniers mois, plusieurs grandes entreprises européennes ont d'ailleurs réalisé d'importantes acquisitions outre-Atlantique.

Le français Danone a déboursé 12,5 milliards de dollars pour mettre la main sur WhiteWave Foods et se renforcer dans les produits bio, tandis que L'Oréal a racheté IT Cosmetics, spécialisé dans les peaux à problèmes.

L'allemand Siemens s'est de son côté offert pour 4,5 milliards de dollars la société Mentor Graphics spécialisée dans les logiciels de conception de semi-conducteurs.

"Au-delà des incertitudes liées à la politique menée par la future administration américaine, les Etats-Unis resteront vraisemblablement une destination de choix pour les acquéreurs", souligne Pierre Hudry, codirecteur de la banque d'affaires de Goldman Sachs pour la France, la Belgique et le Luxembourg.

"Il faut toutefois rester attentif à l'écart de valorisation qui persiste entre les valeurs américaines et européennes mais également à l'évolution du dollar", poursuit-il.

EFFET BREXIT

Selon les données de Thomson Reuters, les acquisitions d'entreprises américaines par des groupes français ont représenté 17,5 milliards de dollars en 2016 après 22 milliards en 2015.

"Les politiques protectionnistes affirmées et assumées sont peu porteuses pour les opérations de M&A. Néanmoins, une des façons de contourner les barrières douanières pour les entreprises étrangères est de produire localement, donc de procéder à des acquisitions", explique Matthieu Pigasse, directeur général de Lazard en France.

Le cru 2016 a été marqué un ralentissement sur fond d'inquiétudes autour du Brexit.

Graphique de l'évolution des opérations de M&A en France:

http://bit.ly/2hyCSJ8'>http://bit.ly/2hyCSJ8

En France, le volume des transactions a ainsi reculé de 9% à 155,7 milliards de dollars (148,5 milliards d'euros), montre l'étude annuelle de Thomson Reuters. Corrigé de l'opération de réorganisation interne du Crédit agricole, le repli est de 21%.

Au niveau mondial, les opérations de M&A se sont contractées de 17% à 3.600 milliards de dollars.

"L'importance du politique et des périodes électorales a été sous-estimée", déclare Matthieu Pigasse en allusion au référendum britannique sur la sortie de l'Union européenne et à l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis.

ANNÉE ÉLECTORALE EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE

Alors que des élections sont prévues en 2017 en France et en Allemagne, le sentiment général est que le marché des fusions et acquisitions devrait rester animé en Europe.

"L'expérience montre que les années d'élection présidentielle ne sont pas nécessairement des années blanches pour le M&A", remarque Pierre Hudry. "Cela étant, il est clair que les groupes au sein desquels l'Etat exerce une influence significative peuvent se montrer moins actifs dans ces périodes."

L'année 2007, marquée par l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, avait d'ailleurs été marquée par une intense activité de M&A, avec 302,4 milliards de dollars de transactions impliquant des entreprises françaises. L'année 2012, avec l'élection de François Hollande, fut en revanche plus déprimée en raison de la crise de la dette souveraine dans la zone euro, avec seulement 94,6 milliards de dollars d'opérations de M&A.

"L'activité de M&A va rester élevée. Les entreprises cherchent à réaliser des transactions pour trouver de la croissance là où elle est, en dehors de leur marché domestique", pronostique Matthieu Pigasse.

"Les entreprises européennes restent, aujourd'hui comme avant, soucieuses d'aller chercher de la croissance et d'améliorer leurs marges. Les acquisitions sont un bon moyen d'atteindre leurs objectifs", analyse Alexandre Courbon, responsable du M&A pour la France chez Société générale CIB.

"Cependant, dans le contexte actuel de forte volatilité et de niveaux de valorisation élevés, elles mesurent soigneusement les risques pris."

* L'étude Thomson Reuters sur le marché français du M&A en 2016: http://bit.ly/2ient18

* 20/12/2016-Les banques françaises ne brillent guère dans les palmarès du M&A

(Edité par Dominique Rodriguez)