$900 US  en début d’année, 2500 fin juin puis 5000 début octobre. $10000 US fin Novembre. $16000 US à l’heure où j’écris ces lignes. J’ignore où nous en serons quand vous les lirez.

Si l’accélération des dernières semaines fut largement alimentée par l’annonce fin octobre du lancement de contrats futures sur le bitcoin par le Chicago Mercantile Exchange (CME), ces mouvements ne s’appuient hélas sur rien d’autre que pure spéculation.

De façon générale, le cours de l’action d’une société, par exemple, est corrélé à sa santé économique et à ses perspectives de croissance. De la même façon, la valeur d’une devise dépend largement des indicateurs économiques de son pays ou de sa zone économique. Bref, derrière la valorisation d’un actif, on trouve des fondamentaux.

Sans s’égarer dans des détails techniques, rien de tangible n’accompagne la crypto, qui n’a finalement rien d’une monnaie. Bien qu’il ait le mérite de démontrer l’attrait du public pour des solutions de paiement plus modernes, auxquelles les Etats réfléchissent déjà, le bitcoin n’est régulé par aucune institution et n’a d’ailleurs pas de cours légal. Sa valeur sur les plateformes d’échange spécialisées ne progresse donc que par la seule idée qu’il vaudra plus cher le jour d’après, avec les excès que cela implique en terme de volatilité.

Les grandes banques centrales elles-mêmes, garantes d’une certaine stabilité des prix, essentielle au bon déroulement des échanges commerciaux, ont parfois du mal à contenir les mouvements de leur devise.

C’est pourquoi, à l’exception de Goldman Sachs qui semble réfléchir à la meilleure façon de tirer profit d’un tel phénomène, la défiance des institutions et personnalités du monde financier se précise.

Tandis que Jamie Dimon, patron de JP Morgan, avait déjà parlé d’«escroquerie», Howard Davies, le président du groupe bancaire britannique RBS, compare le bitcoin à l’Enfer de Dante tandis que les très respectés prix Nobel d’économie Jospeh Stiglitz et Jean Tirole évoquent une « bulle spéculative susceptible d’imploser ».

Du côté des brokers en ligne, qui avaient imaginé en lui le nouvel eldorado en matière de market making, des CFD sont indexés sur le prix du Bitcoin, le courtier assurant la contrepartie de ses clients. Pourtant plusieurs d’entre eux font désormais marche arrière et ont interrompu cette semaine l’accès à ces produits, visiblement dépassés par les conséquences d’une telle volatilité sur leur gestion du risque.

Enfin, des commerçants du web, comme la plateforme de jeux Steam, ont également annoncé ne plus vouloir du bitcoin, « trop cher et trop volatil ».

Contrairement aux idées largement répandues, l’argent facile n’existe pas sur les marchés financiers et les rallyes irrationnels ont toujours droit à leur retour de bâton. Comme dans les pyramides de Ponzi, les derniers arrivés paient l'addition. Un coup d’œil au graphique du Nasdaq, l’indice boursier des valeurs internet, victime de l’explosion de la bulle du .com il y a 17 ans, nous en donne une magnifique illustration.

Alors que les premiers contrats à terme sur le bitcoin s’échangeront sur les bourses de Chicago dans les jours qui viennent, de nombreux spéculateurs pourraient être tentés d’allumer la première mèche en encaissant leurs bénéfices à l’approche des fêtes de fin d’année. Pénalisé par des volumes traditionnellement faméliques pendant la trêve des confiseurs, le bitcoin pourrait alors significativement corriger, pour finalement retourner d’où il vient en moins de temps qu’il ne lui en a fallu pour en arriver là.