Graphique depuis 2011 des publications trimestrielles (publications décevantes en rouge, publications au-dessus du consensus en vert)

La rumeur (finalement confirmée) d’une commande de premier plan avec l'une des plus importantes compagnies aériennes des Etats-Unis (Delta Air lines) a été lancée après le "post" d’un pilote sur un forum début avril. Cette rumeur s’est amplifiée permettant notamment au titre Bombardier de s’apprécier de près de 50% ces 15 derniers jours.



Un constructeur qui revient de loin

Bombardier est le 3ème constructeur aéronautique mondial derrière Boeing et Airbus et le 4ème en termes de nombre d’avions commerciaux produits annuellement après Boeing, Airbus et Embraer.

Pour autant, avec un secteur ayant été fortement marqué par les attentats du 11 septembre et une conjoncture économique morose, le constructeur a dû faire face à une crise lui ayant couté 10.000 emplois et des pertes financières conséquentes. Il aura fallu attendre 2004 pour que la reprise économique permette à Bombardier d’augmenter enfin sa production d’appareils. Malgré cela, le salut de la société n’aura tenu que par de multiples injections de liquidités notamment par le gouvernement provincial à hauteur de 1 milliard de dollars. En effet, le développement de sa dernière gamme d’avion « CSeries » a failli mener la société nord-américaine au dépôt de bilan avec un retard de 2 années et un coût multiplié par deux. La valeur du titre a d’ailleurs perdu 70% de sa valeur sur les cinq dernières années.



Publication trimestrielle décevante

Comptablement, cette commande nette concerne 75 appareils CSeries 100 (petit modèle de la gamme comptant entre 108 et 133 sièges) avec une option pour 50 appareils supplémentaires pour un montant total de 5.6 milliards de dollars. L’annonce de ce contrat avec Delta Air Lines aura même éclipsé la mauvaise publication du 1er trimestre 2016, le titre s’adjugeant plus de 5.5% à l’ouverture.

Si le chiffre d’affaires de la société est attendu à la baisse en estimé 2016, le consensus Thomson Reuters qui suit la valeur prévoit toutefois un retour à la croissance pour les exercices suivants de l’ordre de 18 milliards en 2017 et 19 milliards en 2018. Il convient de préciser en effet que la gamme CSeries commercialisée par Bombardier ne devrait devenir rentable qu’à partir de 2020. A cet horizon, le groupe vise aussi une marge d’Ebit en hausse de 7-8% et concomitamment une réduction progressive de sa dette.



Graphique du cours de Bombardier sur 3 années

Graphiquement, l’action Bombardier a progressé de plus de 50% depuis ces dernières semaines. Une fois les mauvais résultats trimestriels digérés, ce contrat pourrait constituer le premier d'une serie lui permettant d'attirer à nouveau les investisseurs. Naviguant sous les deux dollars canadien depuis plus d’un an, si le franchissement de la résistance se confirme, le titre pourrait alors s’ancrer dans une tendance haussière plus long terme.


Perspectives

Après la promesse d’achat opérée par la compagnie nationale Air Canada pour 45 avions de la gamme CSeries, cette nouvelle commande ferme du voisin américain donne indéniablement un peu d’oxygène à une société jusque-là asphyxiée par une santé financière délicate.

Cette annonce permet à la société canadienne par ailleurs d’atteindre son objectif fixé à 300 commandes pour sa gamme CSeries. Notre équipe d'analyste restera attentif aux perspectives sur cette valeur pour les prochains exercices.