Les emprunts d’état ont largement bénéficié de cette conjoncture accommodante des banques centrales. Le Bund et L’OAT (Obligations Assimilables du Trésor), emprunts à 10 ans émis respectivement par l’Etat allemand et l’Etat français sont les plus grands gagnants, avec des rendements qui se sont approchés récemment du zéro symbolique.

Origine

Ces titres publics existent depuis la désintermédiation bancaire des années 80 qui confirmait la fin de l’encadrement du crédit et la création de l’open-market. L’économie de marché prenait le relai de l’économie de l’endettement. Parmi les innovations financières de cette époque charnière, on trouve les billets de trésorerie pour les entreprises privées, les certificats de dépôt pour les banques et surtout la mise en place des contrats à terme obligataires pour les stratégies de couverture car l’économie allait être régulée par les taux, principal outil des politiques monétaires.

Fonctionnement des contrats sur taux

Comme les taux varient dans le sens inverse des prix des titres sous-jacents (si les taux montent, la valeur d’une obligation diminue), les investisseurs vont acheter des contrats s’ils anticipent une baisse des taux et vendre des contrats s’ils anticipent une hausse de la référence obligataire. Ils vont choisir des maturités courtes (Libor) ou des maturités longues comme le contrat sur le L'Euro-Bund ou l’OAT, en fonction de leur exposition.

Le contrat allemand (en blanc) a, par conséquent, connu une forte avancée depuis 15 ans correspondant à la baisse des rendements (en vert). 







L’Euro-Bund a vu son rendement descendre au plus bas à 0.08 % (0,46 % pour L’OAT), il y a quelques séances, ce qui a permis au contrat à terme de revenir sur des plus hauts. Ce puissant mouvement tendanciel trouve sa source avec les fortes liquidités injectées par la BCE dans une conjoncture non inflationniste et avec peu de croissance.

Néanmoins, on constate un affaiblissement, graphique confirmant quelques tensions sur le marché du crédit. Il est facile d’imaginer les variations qui pourraient s’opérer lorsque la banque centrale ralentira son intervention du fait d’une reprise de l’inflation ou du redémarrage de l’économie européenne. Une situation, certes, très virtuelle, mais qui constitue, à ce jour, celle des Etats-Unis d’où les choix que doit opérer la FED.
L’euphorie qui règne sur les taux en Europe depuis des mois suggère, par conséquent, que les investisseurs peuvent, à tout moment, se faire surprendre par un mouvement de correction rapide et violent.