NATIONS UNIES, 1er décembre (Reuters) - Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, dont le mandat expire fin décembre, a pour la première fois présenté jeudi les excuses des Nations unies pour leur rôle dans l'épidémie de choléra qui a fait plus de 9.300 morts en Haïti depuis 2010.

Haïti était exempt de choléra jusqu'à 2010 et l'apparition de la maladie a été imputée à un campement de casques bleus népalais de la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti), qui ont jeté des déchets infectés dans une rivière.

Les Nations unies n'ont jamais reconnu leur responsabilité légale dans cette épidémie qui a en outre rendu malade 800.000 Haïtiens.

"Les Nations unies regrettent profondément les pertes en vies humaines et les souffrances causées par l'épidémie de choléra", a dit Ban à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies en créole, français et anglais. "Au nom des Nations unies, je veux vous le dire très clairement: nous nous excusons auprès du peuple haïtien."

"Nous n'avons tout simplement pas fait assez concernant l'épidémie de choléra et sa propagation en Haïti. Nous sommes profondément désolés pour notre rôle", a ajouté Ban Ki-moon.

Une commission d'enquête nommée par Ban en 2011 a dit ne pas pouvoir conclure avec certitude que l'épidémie était le fait de la mission népalaise, mais deux ans plus tard, les membres de la commission ont publié un article concluant que la mission était la "source la plus probable" de l'épidémie.

Des victimes haïtiennes du choléra ont saisi la justice américaine mais en août dernier, une cour d'appel fédérale a confirmé l'immunité des Nations unies dans le dossier.

Cette décision judiciaire, a expliqué le sous-secrétaire général de l'Onu Jan Eliasson jeudi à des journalistes, a permis à Ban de présenter ses excuses avant l'expiration de son mandat.

L'Onu espère lever 200 millions de dollars (187 millions d'euros) pour indemniser les familles et les communautés les plus affectées par l'épidémie. Mais il paraît hautement probable que cette somme sera obtenue grâce à des dons, confiait en octobre dernier un conseiller de l'Onu, David Nabarro. L'Assemblée générale pourrait donc être sollicitée pour ajouter cette somme au budget de l'Onu.

Deux cents autres millions de dollars seraient levés afin d'améliorer le système de distribution de l'eau et le système sanitaire dans un pays où seulement un quart des habitants disposent de toilettes et la moitié ont un accès à l'eau potable.

David Nabarro notait jeudi que le choléra en Haïti s'est ensuite propagé à la République dominicaine et à la Jamaïque mais que ces deux pays ont été en mesure de se débarrasser de la maladie. (Michelle Nichols; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)