Rien n'y fait, ni Janet Yellen, ni Vladimir Poutine : l'euro résiste à 1,38 dollar malgré un différentiel de taux longs de 120 points de base en sa défaveur en Allemagne, souligne Banque Leonardo. Si au comptant l'euro a déjà été beaucoup haut, il n'aura jamais été aussi fort corrigé du différentiel de taux, c'est-à-dire à terme, culminant à 1,55 dollar contre 1,50 en 2008 ou en 2009.

« Que se passera-t-il le jour où les Etats-Unis ralentiront et où l'Europe repartira annulant le handicap de rémunération ? », s'interroge le stratège. Selon ce dernier, ce n'est pas pur hasard si les présidents de la Bundesbank et de la BCE ont récemment évoqué un possible ajustement monétaire en réponse à l'impact déflationniste du renforcement de l'euro (une politique de change qui ne dit pas son nom !) ou si le président du Conseil européen, le Belge Van Rompuy, dénonce un euro trop fort pour les exportateurs.

La théorie keynésienne elle-même est battue en brèche : une politique budgétaire restrictive à l'instar de celle menée en Europe devait s'accompagner d'une dévaluation de la monnaie (le pays a besoin de moins de capitaux) favorisant la substitution des exportations à la dépense publique en baisse. L'ambiguïté des statistiques américaines et l'orthodoxie de la BCE n'expliquent pas tout. L'euro bénéficie d'entrées de capitaux inédites, car la crise a mis à nu les excédents commerciaux de l'Allemagne en faisant disparaître les déficits de ses partenaires.

« La force de l'euro sanctionne l'ajustement unilatéral de la zone euro, menaçant tous deux sa pérennité », conclut Banque Leonardo.