* Grand oral à la tribune mardi

* Bilatérales avec Rohani, Erdogan et Trump

* Va défendre le pacte mondial pour le climat

par Marine Pennetier

PARIS, 17 septembre (Reuters) - Emmanuel Macron se rend lundi à New York pour participer à sa première Assemblée générale de l'Onu, un baptême du feu qui sera l'occasion pour le chef de l'Etat de défendre le "multilatéralisme" à l'heure où les prises de positions de Donald Trump font peser une épée de Damoclès sur plusieurs accords internationaux et sur les opérations onusiennes.

Cette problématique, souligne-t-on dans son entourage, constituera le coeur de son discours d'une quinzaine de minutes mardi midi (18h00 heure de Paris) devant une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement - temps fort de cette visite marathon de trois jours qui sera également marquée par des bilatérales avec ses homologues turc, américain ou iranien.

Lors de ce grand oral, le chef de l'Etat fera part de "ses préoccupations et présentera sa vision de la promotion du multilatéralisme dans le contexte mondial que nous connaissons aujourd'hui", dit-on à l'Elysée, où l'on précise que son allocution devrait fortement s'inspirer de son discours aux ambassadeurs du 29 août.

Signe de l'actualité de ce débat, ajoute-t-on, les questions qui seront abordées lors cette grand-messe diplomatique annuelle constituent toutes "des tests pour l'action collective", que ce soit la Corée du nord, la lutte contre le réchauffement climatique, la Syrie ou l'Iran.

Dans la ligne de mire de Paris, Washington où, huit mois après l'arrivée à la Maison blanche de Donald Trump, la politique de la nouvelle administration américaine continue de susciter l'inquiétude et de soulever des interrogations chez ses partenaires.

Tournant la page des années Obama, le président américain a en l'espace de quelques mois multiplié les critiques contre l'Onu, menacé de sortir de l'accord conclu en 2015 sur le programme nucléaire iranien, exprimé le souhait de sortir de l'accord de Paris sur le climat et promis "le feu et la fureur" à la Corée du Nord.

"DEBATS" ET "DESACCORDS"

Lundi, il présentera son projet de réforme de l'Onu qui doit permettre à l'institution internationale d'être, selon les termes du projet de déclaration, "plus efficace et plus performante", avec l'objectif notamment de réduire la part des Etats-Unis, plus gros contributeurs à ce jour.

Un projet auquel la France n'a pas été associée et qui a été accueilli plutôt froidement à Paris où l'on reconnaît plusieurs "désaccords" ces derniers mois avec la délégation américaine à l'Onu concernant la prolongation ou le financement d'opérations de maintien de la paix.

Un bras de fer diplomatique a notamment opposé Paris et Washington cet été concernant la mise en place de la force antiterroriste des pays du G5 Sahel, une région où Paris compte plusieurs milliers de militaires. En raison des réticences américaines, la force sahélienne n'a pas reçu de mandat de l'Onu et ne disposera donc pas dans l'immédiat de fonds supplémentaires des Nations unies.

Face à ces "débats", Emmanuel Macron devrait réaffirmer la position française lors d'une réunion consacrée au G5 Sahel et au financement de la force régionale, lundi, et lors d'un débat sur le maintien de la paix, mercredi.

Autre sujet de préoccupation pour Paris, la situation en Syrie où les négociations entre le régime et l'opposition achoppent toujours sur la question du sort de Bachar al Assad.

Le nouveau "groupe de contact" lancé à l'initiative de Paris devrait se réunir pour la première fois mercredi à New York au niveau ministériel et en format P5 - les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu.

Emmanuel Macron, qui avait suscité l'inquiétude des opposants au régime en donnant l'impression en juin de replacer Bachar al Assad dans le jeu, profitera de sa venue à l'Onu pour rencontrer le coordinateur du Haut Comité syrien (HCN), Riyad Hijab mardi.

FRANCE, MEDIATEUR EFFICACE?

"Ce que nous attendons de ces rencontres, c'est de pousser à une solution politique, il faut absolument arriver à une négociation vraiment active", souligne-t-on à Paris, où l'on précise que la question syrienne "sera au coeur des contacts" de la délégation française cette semaine à l'Onu.

Dès son arrivée à New York, Emmanuel Macron rencontrera son homologue américain Donald Trump, le président iranien Hassan Rohani puis le président turc Recep Tayyip Erdogan.

La question de l'Iran, accusé par Washington d'avoir un "comportement déstabilisateur", devrait occuper une place importante dans ces échanges au moment où Donald Trump fait planer le suspense sur son intention de "certifier" les engagements pris par Téhéran en matière de programme nucléaire.

L'Assemblée générale de l'Onu sera également l'occasion de faire le point sur la situation en Libye où le nouvel envoyé spécial de l'Onu, Ghassan Salamé, s'est rendu ces derniers mois après la réunion de la Celle-Saint-Cloud de juillet.

Priorité diplomatique de Macron depuis l'annonce du retrait américain le 1er juin, la lutte contre le changement climatique franchira elle une nouvelle étape mardi avec la présentation du "pacte mondial pour l'environnement" à l'initiative de Paris.

Pour le nouveau secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres, qui dînera lundi soir avec Emmanuel Macron, la France "a un rôle très important à jouer pour servir de pont entre les autres puissances globales".

"Face aux menaces auxquelles nous sommes confrontés, il est décisif qu'elle s'active comme médiateur efficace", a-t-il déclaré récemment au Journal du Dimanche. (Edité par Simon Carraud)