(Ajoute déclarations de Salvini, transfert en Sardaigne, précisions)

ROME, 14 janvier (Reuters) - L'ancien militant italien d'extrême gauche Cesare Battisti, arrêté en Bolivie, est arrivé lundi en Italie, où il doit purger une peine de réclusion à perpétuité pour quatre meurtres commis dans les années 1970 lorsqu'il était membre des Prolétaires armés pour le communisme (Pac).

Agé de 64 ans, Battisti, qui était depuis longtemps réclamé par la justice de son pays, s'est évadé de prison en 1981 et a vécu en France avant de trouver refuge au Brésil pour échapper à une extradition.

Devenu auteur à succès de romans policiers, le militant, qui a un fils brésilien âgé de cinq ans, a vécu plusieurs années au Brésil comme réfugié, avec le soutien du gouvernement de l'ancien président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro, qui a pris ses fonctions de chef de l'Etat le 1er janvier et affiche sa nostalgie pour la période de la dictature militaire, avait promis de l'extrader vers l'Italie et la Cour suprême brésilienne avait délivré à son encontre un mandat d'arrêt en décembre. Cesare Battisti était depuis en cavale.

Il a été arrêté samedi par une équipe d'Interpol à Santa Cruz de la Sierra, dans le centre-sud de la Bolivie avant d'être extradé vers Rome par les autorités boliviennes.

"C'est un jour que nous attendions depuis 37 ans", s'est réjoui le chef de file de la Ligue d'extrême droite italienne Matteo Salvini, qui est vice-président du Conseil et ministre de l'Intérieur. Il a qualifié Cesare Battisti de "meurtrier, de délinquant et de lâche qui n'a jamais demandé pardon".

"Avec au moins quatre meurtres sur la conscience, (Battisti) a très bien vécu pendant de trop nombreuses années entre Paris et Rio de Janeiro, grâce à la complicité de gouvernements étrangers", a poursuivi Salvini, avant de remercier Bolsonaro.

Le ministre de l'Intérieur s'est lui-même déplacé à l'aéroport de Rome-Ciampino avec son collègue de la Justice Alfonso Bonafede.

Cesare Battisti a été condamné par contumace à la prison à vie pour homicide ou complicité dans le meurtre de deux policiers, un policier et un boucher commis à la fin des années 1970 par le Pac. Il a admis faire partie de ce groupuscule mais dit n'avoir jamais tué personne.

Barbu et vêtu d'un blouson marron, Battisti a traversé en souriant le tarmac de l'aéroport de Rome sous bonne escorte. Il a été transféré dans un autre appareil qui l'a conduit en Sardaigne, dans la prison de haute sécurité d'Oristano où il purgera sa peine. (Antonio Denti et Angelo Amante; Nicolas Delame, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)