par James Mackenzie

ROME, 17 mars (Reuters) - Beppe Grillo, chef de file du Mouvement 5 Etoiles (M5S), a sommé dimanche les membres de son groupe parlementaire de dire ouvertement pour qui il ont voté la veille lors de l'élection du président du Sénat italien.

L'ancien juge antimafia Piero Grasso, candidat de l'alliance de centre gauche élu au "perchoir" de la chambre haute, semble avoir recueilli les suffrages de plusieurs membres du mouvement contestataire hostile aux partis traditionnels, qui avaient pour consigne de voter blanc.

"Si certains ne se sont pas conformés à cette obligation, ils ont menti aux électeurs et j'espère qu'ils en tireront les conclusions qui s'imposent", a-t-il écrit samedi soir sur son blog.

L'élection des présidents des deux chambres était le premier acte de la législature issue des élections de la fin février.

Si la coalition de centre gauche emmenée par Pier Luigi Bersani en est sortie majoritaire à la Chambre, elle a été dévancée par la droite au Sénat, qui, lui, est privé de majorité. Les deux chambres ayant les mêmes prérogatives, le Parti démocrate et son allié écologiste sont donc dans l'impossibilité de former un gouvernement.

Avec 25,5% des voix, le mouvement de Beppe Grillo a effectué une percée spectaculaire qui le place en position d'arbitre; mais il a exclu jusqu'ici toute alliance avec les formations traditionnelles et revendique le droit de former le nouveau gouvernement.

La presse italienne s'étend dimanche sur les divisions qui semblent affecter le M5S, dont les élus font tous leur début au Parlement. Luis Alberto Orellana, chef du groupe parlementaire au Sénat, a quant à lui nié l'existence de divergences de fond.

"Nous ne sommes pas télécommandés. Chacun de nous a sa propre sensibilité, sa propre conscience, et Piero Grasso n'est certainement pas membre de la vieille garde", dit-il dans les colonnes de La Stampa.

L'élection de l'ex-magistrat palermitain au Sénat et celle, à la Chambre des députés, de Laura Boldrini, ancienne porte-parole du Haut Commissariat de l'Onu pour les Réfugiés elle aussi candidate du centre gauche, marque une rupture avec les habitudes italiennes qui réservaient ces deux postes à de pures produits des appareils politiques. (Jean-Philippe Lefief pour le service français)