BERLIN, 4 octobre (Reuters) - Le gouvernement allemand, qui tablait jusqu'ici sur l'arrivée de 800.000 à un million de demandeurs d'asile cette année, table désormais sur 1,5 million, selon le quotidien Bild, qui cite un document confidentiel.

"La pression migratoire va encore augmenter. Nous nous attendons désormais à 10.000 entrées clandestines par jour au quatrième trimestre", disent les auteurs, selon l'article à paraître lundi.

"Ce grand nombre de demandeurs d'asile risque de devenir un fardeau extrêmement lourd pour les lander et les municipalités", soulignent-ils, ajoutant que, pour chaque demande acceptée et compte tenu de la natalité dans les pays d'origine, il faut s'attendre à l'arrivée de quatre à huit membres de la famille du demandeur.

"Nous devons limiter l'afflux en Europe", a par ailleurs souligné dimanche le ministre allemand des Finances. "L'UE va le faire très vite, en premier lieu avec la Turquie", a promis Wolfgang Schäuble dans un entretien accordé à la ZDF.

Selon le Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, la Commission européenne (CE) et la Turquie ont élaboré un plan d'action destiné à réduire cet afflux.

Le projet demande à la Turquie de mieux contrôler sa frontière avec la Grèce et prévoit des patrouilles maritimes des garde-côtes des deux pays coordonnées par Frontex, l'agence européenne de contrôle des frontières, précise l'hebdomadaire.

Six nouveaux camps de réfugiés, pouvant héberger jusqu'à deux millions de personnes, seront par ailleurs établis en Turquie et financés en partie par l'Union européenne, poursuit le journal.

Les Vingt-Huit s'engageront pour leur part à accueillir jusqu'à 500.000 réfugiés pour éviter à ces derniers d'entreprendre la dangereuse traversée de la Méditerranée, ajoute-t-il.

D'après les sources citées par le journal, la CE et Ankara se sont entendus la semaine dernière sur les modalités de ce plan d'action, qui a également été soumis à la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande.

Interrogé par Reuters, un fonctionnaire européen impliqué dans les discussions a toutefois jugé ces informations "un peu exagérées".

Des propositions ont néanmoins été préparées à l'occasion la visite ce lundi du président turc Recep Tayyip Erdogan à Bruxelles, où il doit s'entretenir avec le président de la CE, Jean-Claude Juncker. Il doit également se rendre à Luxembourg jeudi pour une conférence qui doit réunir l'UE, les pays des Balkans et de la Méditerranée orientale. (Michelle Martin, Jean-Philippe Lefief pour le service français)