Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro se sont dans l'ensemble détendus vendredi, le marché bénéficiant d'un regain d'appétit pour la dette sur fond d'incertitudes géopolitiques, lors d'une séance par ailleurs riche en actualités.

Cette détente est due à une conjonction de facteurs, notamment à des déclarations de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi, souligne auprès de l'AFP Eliezer Ben Zimra, gérant allocation d'actifs et dettes souveraines pour Edmond de Rothschild.

Dans un contexte de spéculations sur un changement de cap monétaire de la BCE, son président Mario Draghi a en effet indiqué "qu'il n'y avait toujours pas de signe tangible de reprise de l'inflation en zone euro, et que du coup il n'y avait pas à attendre de changement de la politique monétaire qui est conduite", poursuit le spécialiste.

Dans la foulée, commente-t-il, "les marchés, qui s'attendaient à une politique un peu moins accommodante, ont racheté des obligations et les taux se sont détendus", le taux d'emprunt allemand à dix ans, qui sert de référence, retrouvant son plus bas niveau depuis fin février.

Par ailleurs, les incertitudes politiques ont pu pousser les investisseurs à se tourner vers des actifs comme la dette, jugés plus sûrs, au lendemain de tirs de missiles par l'armée américaine contre une base aérienne du régime syrien.

"Les frappes américaines en Syrie ont généré un peu de volatilité en début de séance", note ainsi le gérant.

Enfin, le marché a eu une salve de statistiques à digérer, avec comme point d'orgue les chiffres de l'emploi américain.

Si le taux de chômage est tombé à son niveau d'avant la crise financière, le plus bas en 10 ans, les créations d'emplois ont en revanche nettement faibli.

"Le marché est un peu déçu par les créations d'emplois, néanmoins les chiffres sont bons avec un taux de participation qui reste stable et des hausses de salaires conformes aux attentes, ce sont des chiffres convenables et dans la droite ligne des mois précédents", résume M. Ben Zimra

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini en recul à 0,228% contre 0,263% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France s'est stabilisé à 0,893% contre 0,899%, tandis que celui de l'Italie a nettement baissé à 2,220% contre 2,270%, tout comme le taux d'emprunt à dix ans de l'Espagne qui a décliné à 1,614% contre 1,632%.

La Grèce est par ailleurs revenue sur le devant de la scène. Après des mois de discussions avec ses bailleurs de fond (zone euro et FMI), Athènes s'est entendue avec ses créanciers sur les réformes qu'elle doit encore faire pour parvenir à un accord. Dans la foulée, le taux d'emprunt grec à dix ans s'est très nettement replié à 6,864% contre 7,126% la veille.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans a aussi reflué à 1,075% contre 1,099%.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans se détendait à 2,328% contre 2,341%, comme le taux à trente ans qui reculait à 2,970% contre 2,986%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,246% contre 1,238%.

afp/buc