Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro poursuivaient jeudi la pause amorcée la veille, se stabilisant dans l'ensemble après plusieurs séances consécutives de hausse dans un contexte d'optimisme généralisé des investisseurs.

"Le contexte d'une économie florissante et de banques centrales qui devraient agir un peu plus fort que prévu s'est traduit (ces derniers jours) par des tensions sur les taux longs ainsi que par un regain d'appétit pour le risque dont ont profité en particulier les dettes périphériques de la zone euro", a commenté auprès de l'AFP Eric Bourguignon, directeur général délégué de Swiss Life Asset Management France.

"L'environnement économique est plus positif que jamais", comme l'attestent "les rares indicateurs ayant été publiés depuis le début de l'année", a-t-il ajouté.

Cette conjoncture favorable est à l'origine, selon lui, d'un sentiment d'euphorie économique en train de s'installer au niveau mondial.

Mais les marchés obligataires sont aussi influencés par la politique des banques centrales.

Ainsi, pour le spécialiste, si les investisseurs considèrent que la Banque centrale européenne (BCE) devra se montrer plus restrictive dans son soutien monétaire plus tôt que prévu, ils semblaient jusqu'à récemment penser que la Réserve fédérale américaine (Fed) ne se tiendra pas à ses anticipations prévoyant trois hausses de taux d'intérêts directeurs en 2018, deux en 2019 et deux en 2020.

C'est pourquoi les taux d'emprunt en zone euro se sont nettement appréciés ces derniers jours tandis que la hausse des rendements obligataires a été freinée aux Etats-Unis par l'idée que l'inflation ne repartira pas et que la Fed n'ira pas aussi loin dans son resserrement monétaire.

Mais ce jeudi "nous sentons un vague sentiment de doute dans cette conviction ancienne des marchés que la banque centrale américaine" ne respectera pas ce qu'elle dit, a indiqué M. Bourguignon, d'où une remontée des taux américains depuis deux jours et un tassement des taux européens.

"La conjoncture américaine est époustouflante et les minutes de la Fed" publiées mercredi "ont enfoncé le clou de ce qui avait été déjà annoncé, ébranlant quelque peu les marchés de taux américains qui se disent que finalement, peut-être que la Fed ira un peu plus loin qu'on ne le pensait", a-t-il justifié.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne s'est stabilisé à 0,434%, contre 0,442% mercredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a suivi le même chemin, terminant à 0,786%, contre 0,797%.

Le taux d'emprunt à dix ans de l'Espagne s'est quant à lui détendu plus nettement, à 1,543%, contre 1,598%, de même que celui de l'Italie, à 2,014%, contre 2,067%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique s'est pour sa part très légèrement tendu à 1,234%, contre 1,213%.

A la fermeture des marchés européens, les taux d'emprunt américains remontaient légèrement, celui à 10 ans s'établissant à 2,465%, contre 2,447% mercredi, et celui à 30 ans à 2,797%, contre 2,786%, tandis que celui à deux ans s'affichait à 1,956%, contre 1,931%.

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