Paris (awp/afp) - Le marché de la dette européen a poursuivi sa détente mercredi, les investisseurs prenant acte du lancement du Brexit mais sans vraiment s'en formaliser, car leur attention reste plutôt tournée vers les États-Unis.

"Le Brexit constituait le principal événement du jour, mais le marché n'a pas vraiment eu de réaction", a expliqué Jean-François Robin, un stratégiste obligataire de Natixis.

Le Royaume-Uni a officiellement lancé mercredi la procédure historique de sortie de l'Union européenne, neuf mois après un référendum qui a divisé le pays.

"De fait c'est aujourd'hui que tout commence et que nous allons vraiment pouvoir juger des conséquences de cette sortie. Les déclarations de la Première ministre ont en tous cas déjà confirmé qu'elle veut divorcer et se marier en même temps", or les responsables européens ont dit qu'il fallait d'abord négocier la sortie avant d'aborder un nouvel accord, a-t-il développé.

Mais pour le moment, "le sujet qui préoccupe surtout le marché ce sont les États-Unis et le fait que le nouveau président puisse mener à bien ses réformes. Il a promis beaucoup et délivre peu pour l'instant", a poursuivi l'expert.

"Le fait qu'il n'engage pas forcément toutes les dépenses publiques prévues" réduit les perspectives de remontée des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine et du coup cela favorise plutôt la détente des taux d'emprunt en premier lieu aux États-Unis, mais cela se répercute aussi en Europe, a-t-il expliqué.

En outre en Europe, alors que les investisseurs commençaient à imaginer une posture moins accommodante de la Banque centrale européenne, "les derniers signaux en provenance de l'institution semblent plutôt dire qu'il est trop tôt pour s'engager dans un resserrement", ce qui tire aussi les rendements à la baisse, a-t-il complété.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a reculé à 0,344% contre 0,388% mardi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même voie, terminant à 0,932% contre 0,961%, tout comme celui de l'Italie à 2,137% contre 2,161% et celui de l'Espagne à 1,643% contre 1,680%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans a aussi reflué à 1,150% contre 1,192%.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans baissait à 2,390% contre 2,418%, le taux à trente ans reculait à 2,999% contre 3,025%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,274% contre 1,302%.

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