Paris (awp/afp) - Le marché de la dette a profité d'un léger regain de prudence mercredi qui a attiré les investisseurs vers ce refuge et fait baisser les taux d'emprunts des principaux pays de la zone euro.

"Le marché est scindé en deux, entre ceux qui croient à une reprise économique et prennent donc plus de risque en optant pour les actions et ceux qui s'inquiètent de tous les problèmes actuels comme le Brexit, les banques italiennes et le manque de consensus politique en Europe et qui se réfugient vers les emprunts d'Etat", a expliqué Daniel Stefanetti, gérant obligataire de la société de gestion luxembourgeoise Ethenea.

En fonction de l'actualité, un courant prend les pas sur l'autre, mais au final, selon lui, dès que le marché obligataire se tend un peu et que les taux d'emprunts deviennent plus attractifs, tout le monde se repositionne très vite et vient racheter des titres obligataires.

"C'est ce qui se passe aujourd'hui, puisque le marché a connu une correction depuis deux jours avec des rendements qui sont remontés", a-t-il ajouté.

L'annonce de l'arrivée de Theresa May à la tête du gouvernement britannique avait redonné le goût du risque aux marchés ces derniers jours, mais l'effet s'est atténué mercredi lorsqu'elle a pris effectivement ses fonctions.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux à dix ans de la France a reculé à 0,147% contre 0,191% mardi, sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. Il avait atteint en séance un nouveau plus bas historique à 0,094%.

Celui de l'Allemagne a progressé à -0,062% contre -0,091%, mais ce mouvement est lié à des facteurs techniques, puisque de fait ce taux d'emprunt suit la tendance générale.

La dette allemande a franchi par ailleurs une nouvelle étape dans son aventure en territoire négatif puisque pour la première fois sur le marché primaire, c'est-à-dire celui des émissions de dette, le pays a emprunté à un taux négatif.

Ce taux négatif signifie concrètement que les investisseurs qui achètent aujourd'hui de la dette allemande à dix ans sont prêts à perdre de l'argent s'ils conservent le titre jusqu'à son échéance, car dans ce cas il ne seront pas remboursés intégralement.

Le rendement à dix ans de l'Espagne a aussi reculé à 1,148% contre 1,175%, tout comme celui de l'Italie à 1,208% contre 1,225%.

Le rendement de même maturité du Royaume-Uni a fini à 0,745% contre 0,828%.

Aux États-Unis, le taux d'emprunt à dix ans se situait à 1,469% contre 1,510% mardi et celui à 30 ans à 2,185% contre 2,224%. Le taux à deux ans était à 0,661% contre 0,689%.

afp/al