Paris (awp/afp) - Le marché de la dette a terminé jeudi une séance placée sous le signe de la prudence, les investisseurs préférant éviter les positions tranchées en attendant d'y voir plus clair dans les conséquences du Brexit.

"Les derniers développements politiques au Royaume ont ramené la prudence", a expliqué Louis Harreau, un stratégiste obligataire de Crédit Agricole-CIB.

"Le marché essaye d'évaluer les conséquences de ce scrutin, mais il y a encore trop de flou pour pouvoir vraiment avancer", a-t-il ajouté.

A peine lancée, la course à la succession de David Cameron a connu un coup de théâtre jeudi avec la décision de Boris Johnson, le leader du camp du Brexit, de ne pas briguer le poste de Premier ministre.

Ce renoncement inattendu redistribue complètement les cartes au sein du parti conservateur et laisse entier le suspense sur la façon dont les négociations de sortie de l'Union européenne vont être menées.

"Dans la matinée, le marché avait pourtant connu un mouvement d'optimisme grâce à des chiffres d'inflation meilleurs que prévu en zone euro", a-t-il complété.

Les prix à la consommation dans la zone euro sont en effet repartis à la hausse en juin (+0,1%), selon des données supérieures aux attentes des analystes.

"La nouvelle baisse des prix du pétrole" a également conforté la prudence des opérateurs, selon M. Harreau.

En fin de séance, le marché obligataire a commencé à réagir à un discours jugé plus accommodant que prévu du président de la Banque d'Angleterre Mark Carney.

La BoE pourrait assouplir sa politique monétaire dès cet été.

Enfin, dans les toutes dernières minutes de la séance, les investisseurs auraient réagi à l'information de l'agence financière Bloomberg selon laquelle la Banque centrale européenne (BCE) serait prête à assouplir les règles de son programme de rachat d'actifs.

Ces deux informations de fin de séance ont contribué à faire reculer un peu plus les taux.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a terminé à -0,130% contre -0,126% mercredi sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France a également terminé à 0,182%, un plus bas historique, contre 0,216%, celui de l'Espagne étant également orienté à la baisse à 1,163% contre 1,257% et celui de l'Italie à 1,258% contre 1,371%.

Celui du Royaume-Uni a lui aussi reculé à la faveur du discours de M. Carney, à 0,867%, après avoir touché un plus bas à 0,861% contre 0,949% la veille.

Aux États-Unis, le taux d'emprunt à 10 ans se situait à 1,460% contre 1,516% et celui à 30 ans à 2,266% contre 2,319%. Le taux à 2 ans était à 0,6594% contre 0,637%.

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