Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt des pays les moins solides de la zone euro se sont tendus vendredi, souffrant d'un contexte d'aversion pour le risque sur fond de nouvelles incertitudes politiques.

Comme la veille, les investisseurs ont privilégié les actifs jugés plus sûrs comme la dette allemande, après de nouvelles déclarations du président américain Donald Trump sur la Corée du Nord.

Jeudi, le président américain a ainsi annulé son sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, une décision qui a ravivé les questions sur les relations entre les deux pays.

Si la Corée du Nord n'a pas surenchéri, affirmant qu'elle restait prête à dialoguer avec Washington "à tout moment", cela n'a pas suffi à rassurer totalement les marchés.

En outre, sont venues s'ajouter ce vendredi de nouvelles questions, cette fois-ci sur la situation politique en Espagne.

Le Parti socialiste espagnol (PSOE), premier parti d'opposition, a en effet déposé une motion de censure contre le gouvernement dirigé par Mariano Rajoy, dont le parti conservateur a été condamné dans un retentissant procès pour corruption.

"Cela étend le risque italien à l'Espagne", décrypte pour l'AFP Axel Botte, stratégiste obligataire pour Ostrum AM.

La dette italienne a enregistré depuis quelques jours une forte tension en raison de l'arrivée au pouvoir d'une coalition entre le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite). Ce mouvement avait touché par contagion les dettes des autres pays du sud de la zone euro.

Or, "l'éventualité d'une motion de censure contre le gouvernement espagnol accentue la tendance", ajoute M. Botte.

Enfin, les tensions commerciales ont été ravivées elles aussi par des déclarations de Donald Trump, qui a menacé mercredi de durcir les droits de douane sur les importations de véhicules, provoquant l'ire des Européens.

"Donald Trump fait beaucoup d'annonces. Cela ne se traduit pas concrètement par beaucoup de mesures, mais cela peut ajouter de la volatilité dans un contexte fragilisé", relève M. Botte.

Offrant un refuge vis-à-vis des rendements italiens et espagnols, les obligations allemandes et françaises ont à l'inverse bénéficié de cet environnement.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a reculé à 0,406% contre 0,472% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le taux d'emprunt à dix ans de la France s'est aussi détendu à 0,711% contre 0,759%.

A l'inverse, le rendement de même maturité de l'Italie s'est fortement tendu à 2,461% contre 2,399% jeudi. Celui de l'Espagne a suivi la même pente, à 1,466% contre 1,392%, tout comme celui du Portugal à 1,950% contre 1,904%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans a fini à 1,323% contre 1,401%.

A la clôture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis reculait à 2,933%, contre 2,977% jeudi, comme celui à 30 ans à 3,092%, contre 3,125%. Le taux d'emprunt américain à deux ans s'établissait pour sa part à 2,480%, contre 2,508%.

afp/rp