Paris (awp/afp) - Le marché de la dette en zone euro s'est tendu jeudi après la réunion de la Banque centrale européenne (BCE), dans la foulée d'une révision à la hausse par l'institution de Francfort de sa prévision d'inflation.

"Globalement, c'est une tonalité constructive", résume auprès de l'AFP Ronan Blanc, gérant obligataire pour Financière Arbevel.

Le président de la BCE "Mario Draghi a reconnu une plus grande fermeté de la reprise économique, mais sans nécessité de changer de la politique monétaire à court terme", poursuit-il.

Lors de cette réunion très attendue par les marchés, la BCE a laissé inchangés ses taux directeurs, à leur plus bas niveau historique depuis mars 2016.

Néanmoins, elle a relevé sa prévision d'inflation pour 2017 à 1,7%, après une poussée des prix en début d'année en zone euro, et s'est montrée un peu plus confiante pour la croissance de la région, ce qui a redonné un peu de goût pour le risque aux investisseurs et donc a joué en défaveur du refuge obligataire.

"C'est un changement relativement important de la projection d'inflation sur 2017, qui s'appuie sur la poursuite de la hausse des prix des matières premières", analyse M. Blanc.

"Néanmoins, nous ne sommes pas du tout dans le scénario américain où l'inflation domestique est bien enclenchée. La hausse de l'inflation en zone euro est réelle, mais elle s'appuie surtout sur la reprise des cours du pétrole", nuance le gérant. "Nous sommes dans une période intermédiaire avant de parler de reflation", dit-il.

Dans ces conditions, le gérant estime que "Mario Draghi est un peu sur la retenue, la BCE a envie de prendre plus de temps avant de revoir le programme de rachats d'actifs".

Par ailleurs, les investisseurs ont aussi regardé vers les Etats-Unis, où les inscriptions hebdomadaires au chômage ont augmenté légèrement plus que prévu, après avoir atteint leur plus bas niveau en 44 ans la semaine précédente.

Ces données seront surtout complétées vendredi par les chiffres mensuels de l'emploi, scrutés avec attention dans le cadre d'un resserrement attendu de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, qui se réunit la semaine prochaine.

A 18H00 (17H00 GMT), le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne a fini en hausse à 0,426% contre 0,370% mercredi sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi la même tendance à 1,083% contre 1,022%, tout comme le taux italien à 2,312% contre 2,254% et celui de l'Espagne à 1,839% contre 1,811%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans s'est inscrit à 1,225% contre 1,218%.

Aux États-Unis, le taux à 10 ans montait à 2,582% contre 2,560% mercredi, celui à 30 ans s'établissant à 3,171% contre 3,149%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,363% contre 1,354%.

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