Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro se sont détendus mercredi, les investisseurs étant rassérénés par des déclarations du gouvernement italien, avant une réunion de la Banque centrale européenne qui suscite beaucoup de questions.

Le ministre italien des Affaires européennes Paolo Savona, qui avait récemment été récusé au portefeuille des Finances par le président italien en raison de son euroscepticisme, a en effet affirmé mardi ne pas avoir de "plan B" pour sortir son pays de la zone euro.

"Le ministre, M. Savona, a rassuré en écartant toute éventualité de sortie de l'euro. Cela a calmé le marché", analyse auprès de l'AFP Eric Vanraes, un gérant obligataire de la banque suisse Eric Sturdza.

Dans ces circonstances, l'adjudication d'obligations italiennes qui s'est déroulée mercredi a été "plutôt bien reçue. Il y a eu de la demande. Avec un ministre qui rassure sur les points principaux, si les incertitudes sont un peu levées, autant aller sur le taux italien à dix ans que sur le taux allemand", au rendement moins élevé, explique M. Vanraes.

Au-delà de cet élément, les opérateurs se préparaient pour des rendez-vous cruciaux, avec des réunions de politique monétaire des deux côtés de l'Atlantique.

Du côté de la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) pourrait mettre fin jeudi à un long suspense en programmant l'abandon de son vaste programme d'achats d'actifs. Peter Praet, le chef économiste de l'institution, a annoncé la semaine écoulée que l'institution devrait évaluer "si les progrès réalisés jusqu'ici avaient été suffisants pour justifier un dénouement progressif" des achats nets d'actifs.

"Peter Praet a mis les pieds dans le plat. Il va falloir parler de la fin du programme d'achats, à un très mauvais moment puisqu'il reste un risque" sur la dette italienne, estime M. Vanraes.

Selon le spécialiste, le président de la BCE Mario Draghi pourrait donc "être gêné aux entournures, et il devra faire attention à ce qu'il dira. Un banquier central n'a pas à commenter" une situation politique.

- Pas de nuages pour la Fed -

La réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed), dont la conclusion est attendue dans la soirée ce mercredi, suscitait quant à elle moins de questions, puisque la grande majorité des investisseurs anticipent un relèvement des taux directeurs à cette occasion.

"L'inflation est pile dans l'objectif de la Fed, la croissance est bonne, la Fed va dire qu'il n'y a guère de nuages à l'horizon", estime M. Vanraes.

A 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne s'est un peu détendu à 0,482% contre 0,491% mardi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de même échéance de la France a reculé à 0,842% contre 0,880%, tout comme le rendement de même maturité de l'Espagne, à 1,411% contre 1,451%, et celui de l'Italie à 2,806% contre 2,862%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans a également reflué à 1,369% contre 1,401%.

A la clôture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis se stabilisait à 2,955% contre 2,961% mardi, tout comme celui à 30 ans, à 3,084% contre 3,093%. Le taux d'emprunt américain à deux ans s'établissait à 2,541% contre 2,539%.

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