par Pascale Denis et Astrid Wendlandt

La perle ultra-luxe du groupe PPR a vu ses ventes bondir de 38,5% en 2012 (+30,4% à taux constants) pour approche le milliard d'euros (945 millions d'euros), devenant le deuxième grand pilier de la division de marques de luxe du groupe, derrière Gucci.

Célèbre pour ses sacs en cuir tressé, Bottega Veneta est aussi devenue la plus rentable grâce au poids prépondérant de la maroquinerie dans son chiffre d'affaires (85%). Sa marge opérationnelle a ainsi atteint le niveau record de 31,8%, dépassant celle de Gucci (31%).

La griffe récolte les fruits d'un positionnement à la fois discret et très haut de gamme (son modèle phare, le Cabat, commence à 5.000 euros) qui colle à l'évolution de la demande, à l'image d'Hermès qui connaît lui aussi un des plus fort taux de croissance de l'industrie.

"Je pense que Bottega Veneta profite de son positionnement très clair sur un segment du marché qui vise une clientèle sophistiquée et non ostentatoire et qui connaît aujourd'hui la plus forte croissance de l'industrie du luxe", a estimé Marco Bizzarri lors d'une interview à Reuters.

Elle dispose encore, selon lui, d'un "très fort potentiel de croissance", qu'il explique par la tendance de fond tirant les clients du luxe vers les produits indémodables et sans logo.

Pour 2013, "la croissance devrait rester très dynamique dans tous nos marchés. Il n'y a pas de raison, sauf choc externe majeur, pour que la tendance change", a précisé le directeur général.

ÉQUILIBRER LES INVESTISSEMENTS

La marque réalise 31% de ses ventes en Europe et Moyen-Orient, 14% sur le continent américain, 17% au Japon et 38% dans le reste du monde.

La marque a aussi été portée par un important développement de son réseau de distribution avec l'ouverture de 26 boutiques l'an dernier (22 en 2011), dont sept en Europe occidentale, une aux Etats-Unis et 17 dans les pays émergents.

Au total, Bottega Veneta comptait 196 magasins dans le monde à la fin de l'année dernière. Les boutiques en propre comptent pour 81% des ventes de la marque, le solde étant assuré par un réseau de détaillants et de franchisés.

"Nous allons accroître notre réseau de magasins au rythme de 10% à 15% par an dans les années qui viennent", a indiqué Marco Bizzarri.

En 2013, les nouveaux magasins ouvriront principalement en Europe et en Asie (Chine, Hong Kong, Corée et Taiwan).

Arrivée en 2007 seulement en Chine, Bottega Veneta bénéficie d'un effet de "rattrapage" et connaît des taux de croissance explosifs dans le pays (52%), tandis que sa progression a atteint 27% aux Etats-Unis, 37% en Europe et Moyen-Orient, 32% dans le reste de l'Asie et 8% au Japon.

Pour autant, Marco Bizzarri dit vouloir équilibrer les investissements entre l'Europe et les pays émergents.

"Les pays émergents ont des croissances plus fortes, mais nous n'allons pas y surinvestir. Au contraire."

Comme les autres grandes griffes européennes, Bottega Veneta est soucieuse de consolider sa présence dans sa région d'origine, qui constitue une véritable vitrine pour une précieuse clientèle étrangère. Cette dernière compte pour près de la moitié des achats de luxe réalisés en Europe.

PEU DE MÉGASTORES

Bottega Veneta inaugurera en septembre 2013, à Milan, son premier très grand magasin d'environ 1.000 m2.

Contrairement à la tendance générale, qui voit les marques se déployer dans de gigantesques temples dédiés à leur univers, Marco Bizzarri assure que les mégastores resteront très marginaux. "Nous n'en aurons pas plus de quatre ou cinq dans le monde", a-t-il dit.

Le modèle dominant restera celui des petits magasins, plus intimes et plus en phase avec l'image d'exclusivité que la marque s'attache à préserver.

Créée en 1966 à Vicence, en Vénétie, Bottega Veneta s'est rendue célèbre par son "intrecciato", son tressage de lanières de cuir qui allie à la fois souplesse et robustesse et donne à ses sacs leur aspect immédiatement reconnaissable.

Lors de son rachat par PPR en février 2001, ses ventes totalisaient seulement 35 millions d'euros, pour des pertes sensiblement équivalentes.

Cette acquisition se révèle particulièrement fructueuse pour le groupe français. Alexander McQueen et Balenciaga, rachetées au même moment, réalisent aujourd'hui un chiffre d'affaires d'environ 100 millions d'euros pour la première et de 300 millions pour la seconde, selon les estimations des analystes.

Arrivé début 2009 à la tête de Bottega Veneta, Marco Bizzarri, 50 ans, a dirigé Stella McCartney, autre marque du groupe PPR, après être passé chez Marithé & François Girbaud et chez Mandarina Duck.

Edité par Dominique Rodriguez