Rio de Janeiro (awp/afp) - La Banque centrale du Brésil devrait maintenir inchangé mercredi soir son taux directeur à 14,25% - l'un des plus élevés de ces dix dernières années - sur fond de forte inflation dans le pays.

L'ensemble des analystes "du marché tablent aujourd'hui sur le maintien du taux à 14,25%", a déclaré à l'AFP Alex Agostini, économiste en chef de l'agence de notation brésilienne Austin Rating.

Si cela se confirme, ce sera la 9ème fois consécutive que le comité de politique monétaire de la Banque centrale (Copom) maintient son taux à ce niveau, depuis juillet 2015.

"L'inflation reste élevée, loin de l'objectif fixé à 4,5%, l'économie est en récession. La banque centrale doit maintenir une politique restrictive", a expliqué M. Agostini.

Pour Everton Carneiro de RC consultores, "le taux sera maintenu et ne baissera légèrement qu'à partir d'octobre. Il clôturera l'année à 13,75%", a-t-il prévu.

L'inflation a atteint 8,74% en juillet, sur les douze derniers mois, loin de l'objectif fixé par les autorités à 4,5%.

Pour 2016, la prévision d'inflation de la Banque centrale et des marchés est de 7,27%.

Ce n'est qu'au deuxième trimestre 2018 que le Brésil fera mieux que l'objectif fixé, prévoit la Banque centrale, avec un taux d'inflation prévu à 4,2%.

La récession s'est installée au Brésil, première économie d'Amérique latine, où le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,6% au deuxième trimestre par rapport au précédent, selon les chiffres officiels diffusés mercredi alors que le pays s'apprête à tourner la page du gouvernement de gauche de Dilma Rousseff.

Il s'agit du sixième recul trimestriel consécutif du PIB.

Pour 2016, les marchés et la Banque centrale prévoient une contraction de l'activité économique de 3,2% au Brésil, proche de la prévision du Fonds monétaire international (FMI) qui table sur -3,3%.

La pire récession des dernières décennies, avec un chômage record (11,6 millions de chômeurs) a été aggravée par une crise politique qui va connaître son dernier acte ce mercredi : sauf coup de théâtre, les sénateurs voteront à Brasilia la destitution de Mme Rousseff pour maquillage des comptes publics au terme d'une procédure juridico-politique hautement controversée.

Elle sera remplacée par Michel Temer, 75 ans, qui bénéficie de la bienveillance des marchés.

"La destitution (de Rousseff) était attendue et son impact s'est déjà fait sentir sur le marché. Le principal gain a été l'amélioration de la confiance des investisseurs mais M. Temer va devoir faire l'ajustement budgétaire", a dit M. Carneiro.

afp/al