Rio de Janeiro (awp/afp) - La banque centrale brésilienne (BCB) a baissé mercredi pour la quatrième fois consécutive son taux directeur, une décision motivée par une réduction récente de l'inflation, mais tempérée par des "risques externes", liés aux incertitudes de la politique économique de Donald Trump.

Les taux ont baissé de 0,75 points de pourcentage, à 12,25%. Il s'agit de leur niveau le plus bas depuis 2015, même s'ils demeurent parmi les plus élevés au monde.

L'annonce coïncide avec les prévisions des analystes et dénote une certaine prudence de la part de la BCB, alors que le pays est plongé dans une récession historique, avec un taux de chômage record de 12%.

"Il s'agit d'une baisse timide et frustrante", a réagi le syndicat Força Sindical, proche pourtant du président conservateur Michel Temer.

"Le gouvernement doit comprendre que ce taux stratosphérique, en plus de rendre plus cher le crédit, génère plus de chômage, réduit les salaires et empire le contexte de récession", a ajouté le syndicat dans un communiqué.

- 'Un contexte externe incertain' -

Le taux directeur avait entamé un cycle de hausse en 2013, pour atteindre un sommet de 14,25% en juillet 2015, en raison de la surchauffe de l'inflation.

La décrue a finalement commencé en octobre dernier et s'est accélérée depuis le début de l'année, avec des réductions de 75 points de base en janvier et février.

D'après la dernière enquête Focus, élaborée par la Banque centrale auprès d'une centaine d'opérateurs de marchés, le taux directeur devrait clôturer 2017 à 9,5%.

Une prudence excessive pour nombre d'analystes qui soulignent que l'inflation, qui avait atteint 10,67% en 2015, est retombée à 6,29% en 2016 et devrait cette année atteindre 4,4%, un dixième en dessous des objectifs visés par la BCB.

Le Comité de Politique Monétaire (Copom) de la BCB a expliqué que la décision avait été prise "à l'unanimité", et a évoqué un "contexte externe encore incertain, qui peut rendre plus difficile le cycle de déflation".

Cette nouvelle baisse intervient quelques heures après que des membres du Comité monétaire de la banque centrale américaine (Fed) se sont dits prêts à relever les taux "assez vite", tout en s'interrogeant sur l'impact potentiel de la relance budgétaire voulue par le président américain Donald Trump.

"L'accélération de l'activité des États-Unis pourrait aider le commerce extérieur du Brésil, mais aussi entraîner des risques d'inflation", explique à l'AFP Jason Vieira, du cabinet de consultants Infinity Asset Management.

- Appel à poursuivre les réformes -

Le Copom met d'autre part en avant "l'importance de l'approbation et de l'application des réformes" du gouvernement du président conservateur Michel Temer, une série de mesures d'austérité visant à réduire le déficit public et à retrouver la confiance du marché.

Selon Jason Vieira, la conjoncture économique est favorable, mais "la question politique est impondérable".

Le gouvernement Temer mise sur de bons résultats économiques pour retrouver un second souffle, alors que sa popularité est en berne et que les accusations liées au scandale de corruption Petrobras éclaboussent l'entourage du chef d'État, dont le nom est aussi mentionné dans l'enquête.

Le Copom indique enfin que l'accélération du rythme d'assouplissement monétaire dépendra entre autres "de l'évolution de l'activité économique, des autres facteurs de risque et des prévisions d'inflation".

Le Produit intérieur brut (PIB) du Brésil s'est contracté de 3,8% en 2015 et devrait encore chuter de 3,5% en 2016 avant un léger rebond de 1% en 2017, selon les prévisions.

afp/rp