(Actualisé tout du long)

par Elizabeth Piper et Kylie MacLellan

LIVERPOOL, Angleterre, 23 septembre (Reuters) - Jeremy Corbyn a déclaré dimanche qu'il soutiendrait un second référendum sur le Brexit si le Parti travailliste, réuni en congrès à Liverpool, se prononçait en faveur d'une telle option alors que la pression s'accentue sur Theresa May après le refus ferme opposé par les Européens à son "plan de Chequers".

Eurosceptique opposé à l'adhésion de la Grande-Bretagne à la Communauté européenne en 1975, Corbyn a longtemps résisté aux appels en faveur d'un retour devant les électeurs britanniques pour trouver une solution au divorce compliqué entre Londres et Bruxelles.

Jeremy Corbyn entendait ménager la frange de son électorat qui avait soutenu le "Leave" lors du référendum de 2016 par lequel le Royaume-Uni a décidé de quitter le bloc communautaire.

Mais le paysage politique a fortement changé depuis que le "plan de Chequers", mis au point par Theresa May en juillet, s'est vu opposer une fin de non-recevoir par les 27 autres Etats membres de l'UE lors d'une réunion à Salzbourg, jeudi.

Comme l'a reconnu la Première ministre britannique, les discussions sont dans l'impasse alors que le Brexit doit entrer en vigueur le 29 mars 2019, accord ou pas accord entre Européens et Britanniques.

La situation s'est tellement tendue que le Sunday Times rapportait dimanche que le cabinet de Theresa May travaillait à des élections législatives anticipées pour tenter de sauver un éventuel accord et sa place de chef du gouvernement.

Lors du congrès du Labour à Liverpool, Corbyn a promis d'agir en tenant compte des débats qui auront lieu au sein de son parti sur la question d'un second référendum sur le Brexit.

S'il se résout à cette option, le leader travailliste préfère clairement l'idée de législatives anticipées dont il espère tirer un plus grand bénéfice politique.

"Notre préférence va vers des élections législatives, après lesquelles nous pourrons négocier notre relation future avec l'Europe, mais voyons ce qui va sortir de ce congrès", a-t-il dit à la BBC télévision en marge du congrès.

INCERTITUDE AMBIANTE

Les délégués travaillistes doivent débattre de plusieurs motions sur le Brexit et aucune précision n'a été fournie sur celle concernant le soutien à une nouvelle consultation référendaire.

La position de Corbyn, lui-même, reste ambiguë puisqu'il affirme depuis longtemps que son parti n'a pas écarté cette hypothèse. Une source au sein de Labour affirme toutefois que la position du chef de file des travaillistes n'est pas en faveur d'un second référendum.

Len McCluskey, patron du syndicat Unite et proche de Corbyn, a un peu plus ajouté à l'incertitude ambiante en affirmant dimanche qu'un second référendum "ne devrait pas avoir lieu". "Veut-on revenir dans l'Union européenne ?" a-t-il lancé.

Jeremy Corbyn souhaitait que ce congrès soit l'occasion de présenter ses propositions pour réformer l'économie britannique avec une renationalisation des chemins de fer, de la Poste et des services, et de faire pression en faveur d'élections générales anticipées.

Mais, c'est bien le Brexit qui a dominé les débats et des milliers de personnes, favorables à un second vote, ont défilé à Liverpool pour faire entendre leur voix.

Corbyn a déclaré que si le Labour négociait avec Bruxelles, il demanderait un accord commercial assorti d'une union douanière avec l'UE, de sorte qu'il n'y ait pas besoin d'y avoir une frontière "dure" avec l'Irlande, l'un des points d'accroc actuels dans les négociations.

Avant que Corbyn s'exprime, le numéro deux du Labour, Tom Watson, avait estimé que le gouvernement de la Première ministre conservatrice Theresa May était au bord de l'effondrement et qu'il pourrait bien y avoir prochainement des élections législatives anticipées.

Et selon le Sunday Times, les services de Theresa May travaillent actuellement à l'organisation d'élections anticipées au mois de novembre pour tenter de sauver un accord sur le Brexit et sa place de chef du gouvernement.

Rebecca Long-Bailey, porte-parole du Parti travailliste hargé des Entreprises, a déclaré que sa formation souhaitait la tenue d'élections anticipées si Theresa May n'obtenait pas le soutien du parlement à son plan sur le Brexit.

(Elizabeth Piper; Eric Faye pour le service français)