(Actualisé avec déclarations de Theresa May)

par Amanda Ferguson

BELFAST, 25 juillet (Reuters) - La Grande-Bretagne ne veut pas le retour des contrôles aux frontières en Irlande du Nord, a déclaré lundi la Première ministre Theresa May à l'occasion de sa première visite dans ce territoire du pays depuis que ce dernier s'est prononcé en faveur d'une sortie de l'Union européenne.

Le résultat du référendum du 23 juin, avec 52% des électeurs britanniques qui ont voté en faveur d'un "Brexit", soulève toute une série de questions pour l'Irlande du Nord, dont notamment l'impact d'une telle décision sur la paix dans une région marquée par des décennies de violences.

Il s'agira également de savoir ce qu'il adviendra des milliards de livres de subventions versées par l'Union européenne et de la frontière ouverte avec la République d'Irlande, qui sera la seule frontière terrestre de la Grande-Bretagne avec l'Union européenne une fois qu'elle en sera effectivement sortie.

"Pendant de nombreuses années il y a eu une zone de circulation commune entre le Royaume-Uni et la République d'Irlande, bien avant que l'un ou l'autre pays ne devienne membre de l'Union européenne. Personne ne veut revenir aux frontières du passé", a déclaré Theresa May, en référence à une liberté de circulation qui existe depuis les années 1920 entre les deux pays.

"Ce que nous voulons c'est de trouver (...) une solution pratique pour tout le monde (...)", a-t-elle ajouté.

A contre-courant du vote national, l'Irlande du Nord s'est prononcé à hauteur de 56% en faveur d'un maintien dans l'Union européenne.

INQUIÉTUDES POUR LE PROCESSUS DE PAIX

Theresa May s'est exprimée après avoir rencontré la chef de l'exécutif nord-irlandais, Arlene Foster, qui était en faveur d'un "Brexit", et Martin McGuinness, vice-Premier ministre d'Irlande du Nord, qui s'était prononcé pour un maintien dans l'Union européenne.

Après le vote du 23 juin, ce dernier, membre du Sinn Fein, l'ex-branche politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), avait proposé d'organiser un référendum sur l'indépendance de l'Irlande du Nord afin de rester dans l'UE.

Martin McGuinness a dit avoir eu une franche discussion avec Theresa May, mettant en avant les souhaits des électeurs nord-irlandais.

"Je m'exprime au nom des gens du Nord, qu'ils soient unionistes ou nationalistes, et j'ai clairement dit qu'ils voyaient leur avenir au sein de l'Europe (...)", a-t-il dit.

Les dirigeants au nord et au sud de la frontière irlandaise veulent s'assurer que les personnes et les marchandises continueront à circuler librement après le "Brexit".

Arlene Foster, à la tête de la principal parti en faveur de l'union avec la Grande-Bretagne, a dit avoir insisté auprès de Theresa May qu'il ne devait y avoir aucune frontière intérieure au sein du Royaume-Uni, ajoutant avoir été satisfaite de la réponse de la Première ministre à ce sujet.

Une coalition d'hommes politiques et de militants des droits de l'homme d'Irlande du Nord a menacé dans la journée d'engager un recours en justice contre toute décision du gouvernement britannique de quitter l'Union européenne, si le processus de paix consacré par l'accord' du Vendredi saint en 1998 n'est pas préservé.

Certaines personnalités politiques d'Irlande du Nord ont averti qu'un "Brexit" pourrait nuire à cet accord, en rétablissant une véritable frontière avec la République d'Irlande et en érodant l'assise juridique sur laquelle il repose, avec notamment des références à l'UE.

L'accord de paix du Vendredi saint, conclu en avril 1998, a mis fin à une trentaine d'années d'affrontements entre nationalistes catholiques et unionistes protestants, qui ont fait plus de 3.600 morts, et a permis la mise en place d'un exécutif biconfessionnel à Belfast. (Amanda Ferguson; Laura Martin, Eric Faye pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)