Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) a décidé jeudi de maintenir en l'état son soutien à l'économie, en s'appuyant sur la résistance de l'activité depuis le vote pour le Brexit, confirmée par les derniers chiffres sur les ventes au détail.

La banque centrale a choisi à l'unanimité de laisser inchangé son taux directeur à 0,25%, soit un plus bas historique, associé à des injections de liquidités via un programme de rachat d'actifs.

Ce dispositif, dévoilé début août, est destiné à éviter tout dérapage de l'économie britannique dans la foulée du vote pour le Brexit.

La BoE s'est félicitée du fait que ses mesures s'étaient traduites par un coup de pouce initial plus marqué qu'attendu aux prix des actifs britanniques.

Elle prévoit toutefois un ralentissement de la croissance au second semestre, mais moins marqué que ce qu'elle craignait le mois dernier, relevant que depuis sa décision d'août, "un certain nombre d'indicateurs a montré que l'activité économique à court terme a été quelque peu plus robuste qu'attendu".

Selon des projections internes de la BoE, la croissance au troisième trimestre devrait s'afficher à 0,3%, alors que ces mêmes prévisions n'atteignaient que 0,1% au mois d'août. Le produit intérieur brut avait progressé de 0,6% au deuxième trimestre.

"Cette sérénité peut sembler justifiée pour le moment, avec une résistance de l'économie britannique illustrée par de récents indicateurs", soulignait Jack Coy, économiste au CEBR.

Publiées dans la matinée, les ventes au détail au Royaume-Uni ont légèrement reculé de 0,2% en août sur un mois, se montrant plus solides que prévu, après un mois de juillet particulièrement favorable.

Le chiffre de juillet a même été révisé en nette hausse, atteignant +1,9%, selon l'Office des statistiques nationales (ONS).

Les ventes au détail ont tenu grâce à la consommation alimentaire (+0,7%) mais ont été plombées par ailleurs par l'habillement (-3,4%) et les produits domestiques (-5,3%).

Les ventes au détail ont à peine faibli par rapport à un mois de juillet qui marquait un net rebond grâce notamment à une météo clémente et des prix attractifs dans le secteur alimentaire du fait d'une forte concurrence entre enseignes.

Surtout, les consommateurs et les milieux d'affaires ont pu être rassurés, en dehors de la BoE, par la stabilité du pays, avec l'arrivée au pouvoir de la conservatrice Theresa May, rapidement après la démission de son prédécesseur David Cameron.

Certes le Royaume-Uni n'a pour l'instant pas subi la catastrophe économique annoncée, mais les analystes, moins optimistes pour les mois à venir, s'attendant pour la plupart à un ralentissement de l'activité économique, alors même que les discussions sur le Brexit n'ont pas encore réellement commencé.

"Les consommateurs vont probablement faire face à une baisse de leur pouvoir d'achat dans les prochains mois alors que l'inflation progresse et que la croissance des bénéfices des entreprises est limitée par leur volonté de maîtriser leurs coûts" dans un environnement incertain, expliquait Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

En outre, pour James Knightley, économiste chez ING, il faudra attendre de voir si "l'intensification des débats sur le Brexit une fois l'Article 50 déclenché est de nature à saper la confiance plus nettement".

Signe de la prudence actuelle, la Banque d'Angleterre a réitéré le fait que la majorité des membres de son comité de politique monétaire s'attendait toujours à la possibilité d'une nouvelle baisse de taux d'ici à la fin de l'année.

Si la BoE s'est montrée un peu plus confiante à court terme, "ces projections sont très incertaines pour l'instant et la vue d'ensemble des perspectives de l'économie n'a pas changé depuis août", prévient Paul Hollingsworth, économiste chez Capital Economics.

La prochaine décision de politique monétaire sera annoncée début novembre, en même temps que la publication du prochaine rapport trimestriel de l'institution, et trois semaines avant le Discours d'automne du nouveau ministre britannique des Finances entré en fonctions après le vote en faveur du Brexit, Philip Hammond.

afp/al