A mesure que se rapproche la date fatidique du 23 juin, la perspective d'un éventuel Brexit commence à affoler les marchés. Le départ du Royaume-Uni, seconde économie européenne ex aequo avec la France, aurait incontestablement des conséquences préjudiciables pour les deux parties, indique BFT Investment Managers. La société de gestion présente quelques chiffres pour mesurer les enjeux de ce référendum historique…

La moitié des échanges commerciaux du Royaume-Uni (RU) se font avec l'Union européenne (UE) et sept des dix principaux partenaires commerciaux du RU se trouvent dans l'UE. Les investisseurs étrangers détiennent 10.600 milliards de livres sterling d'investissements directs (IDE) au RU et les investisseurs britanniques détiennent à peu près le même montant d'actifs à l'étranger ce qui dénote l'attractivité du RU.

"Depuis la crise de 2008, la croissance du PIB britannique a été plus rapide que celle de ses partenaires européens. Cependant on ne peut pas ignorer la phase de ralentissement graduel", relève Mabrouk Chetouane, responsable de la Recherche et de la stratégie de BFT. Un ralentissement britannique marqué par le creusement des déficits externes et publics.

Les marchés doivent donc se préparer au scénario du Brexit. Les intentions de vote en faveur des deux camps ("Remain" ou "Leave") sont proches d'après les derniers sondages disponibles ; seule certitude le nombre d'indécis recule.

A court terme, un Brexit renforcerait le climat d'incertitude. Il pourrait provoquer une remontée du taux d'épargne et un arrêt momentané de l'investissement. La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne entraînerait l'ouverture de négociations pour fixer dans le marbre les règles de fonctionnement futures entre les deux entités tant sur le plan économique que commercial. Or, la durée moyenne observée lors des précédentes négociations commerciales entre l'UE et ses partenaires est de quatre ans environ. Plusieurs configurations de sortie seraient envisageables : des accords bilatéraux (modèle suisse) à l'union douanière sur le modèle turc, ou l'intégration de l'Espace Economique Européen (EEE) comme pour la Norvège. En tout état de cause, aucun modèle ne correspond exactement aux exigences du Royaume-Uni ce qui devrait étirer davantage la période de négociation.

A long terme, il est difficile de mesurer les conséquences économiques d'un Brexit mais le Trésor britannique et l'OCDE parviennent à des conclusions assez proches. "L'impact est négatif quelle que soit la modalité de sortie retenue. Toutes les composantes de la croissance seront négativement impactées", résume Mabrouk Chetouane.

Les tensions des dernières semaines se manifestent notamment par une hausse de la volatilité implicite de la livre sterling et sur les CDS relatifs au secteur bancaire. En revanche, le rendement des Gilts (emprunts d'Etat britanniques à 10 ans) ne s'est pas écarté sensiblement des T-Notes (emprunts d'Etat américains à 10 ans) et du Bund allemand. Si l'indice FTSE 100 des actions britanniques est malmené depuis un an, il évolue strictement dans la même tendance que l'Eurostoxx 50. En revanche, la Livre sterling serait amenée à baisser fortement si le Royaume-Uni décidait de quitter l'Union européenne. Au cours des dernières semaines, une forte demande de couverture du risque de dépréciation de la livre britannique a d'ailleurs été observée.

"Avant le référendum, la prudence s'impose. A titre de précaution, il faut alléger ses positions en actions européennes et privilégier les titres non européens. Sur les marchés obligataires, il est préférable de se tenir à l'écart des Gilt britanniques et de privilégier les obligations américaines ou européennes mais uniquement les pays "core". Jusqu'au 23 juin, il faut également éviter de se positionner sur la devise britannique", explique Michaël Aflalo, directeur des gestions.

Après la date fatidique, les investisseurs devront en revanche faire preuve d'une grande réactivité pour adapter leur portefeuille en conséquence par rapport au scénario choisi par le peuple britannique.