OUAGADOUGOU, 16 novembre (Reuters) - Des représentants de l'armée, de l'opposition et de la société civile ainsi que des chefs religieux et traditionnels se sont réunis dimanche au Burkina Faso pour désigner un président par intérim, deux semaines après la démission de Blaise Compaoré sous la pression de la rue.

Ce comité de transition, qui compte 23 membres, doit faire son choix parmi cinq prétendants. Il s'agit de deux anciens membres du gouvernement, de deux journalistes, d'un sociologue et d'un membre du clergé catholique.

"Le dirigeant devrait être choisi ce soir, même s'il faut veiller tard. Nous serons enfermés comme les cardinaux qui désignent le pape jusqu'à ce qu'on voit une fumée blanche", a déclaré Luc Marius Ibriga, l'un des membres de ce comité, interrogé par Reuters.

Le lieutenant-colonel Isaac Zida, chargé par l'armée de conduire la transition, avait annoncé samedi le rétablissement de la Constitution, suspendue après la démission de Blaise Compaoré, le 31 octobre. L'avant-veille, une charte fixant le cadre de la transition avait été adoptée. Elle doit donc conduire à la mise sur pied d'une gouvernement civil et à des élections prévues fin 2015.

Selon les observateurs, Michel Kafando, ancien ministre des Affaires étrangères âgé de 72 ans, dont la candidature a été avancée par l'armée, fait figure de favori pour assurer l'intérim à la présidence. Vient ensuite Joséphine Ouédraogo, ex-ministre de la Famille âgé de 65 ans, dont le nom a également été proposé par l'armée.

Les représentants de la société civile et de l'opposition ont quant à eux choisi Newton Ahmed Barry, rédacteur en chef de l'Evènement, et Chérif Moumina Sy, directeur de l'hebdomadaire Bendré, a-t-on appris de sources proches des discussions.

Le noms de Paul Ouédraogo, archevêque de Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays, est également cité, mais l'Eglise a fait savoir que le pouvoir politique était incompatible avec les fonctions religieuses.

Une fois désigné, le président par intérim devra charger une personnalité de former un gouvernement de 25 membres. Il ne pourra se présenter aux prochaines élections.

(Mathieu Bonkoungou et Nadoun Coulibaly, Jean-Philippe Lefief pour le service français)