BUJUMBURA, 25 mai (Reuters) - Malgré les appels au dialogue de l'Onu et de l'Union européenne, l'opposition burundaise a boycotté lundi les négociations avec le gouvernement pour protester contre l'assassinat samedi à Bujumbura de Zedi Feruzi, dirigeant du parti d'opposition UPD.

Au moins vingt personnes ont trouvé la mort dans les violences politiques au Burundi depuis le 26 avril. Les manifestants s'opposent à ce que le président sortant Pierre Nkurunziza brigue un troisième mandat le mois prochain.

Dès dimanche, plusieurs groupes d'opposition et des représentants de la société civile avaient quitté les discussions à Bujumbura. Lundi, tous les autres représentants de l'opposition se sont retirés pour dénoncer la mort de Feruzi, a dit le porte-parole de la présidence burundaise, Gervais Abayeho.

"Le gouvernement reste ouvert à la négociation et espère qu'ils (les représentants de l'opposition) écouteront les appels de la communauté internationale à reprendre les discussions afin de trouver une solution durable à la crise actuelle", a-t-il ajouté.

Un militant de l'opposition a déclaré que celle-ci exigeait que les manifestations pacifiques soient autorisées, que la police ne tire plus sur les manifestants et que les personnes arrêtées soient libérées.

"La police tire toujours sur les manifestants et les personnes arrêtées sont toujours en prison", a déploré Pierre Claver Mbonimpa, président de l'Association pour la protection des droits de l'homme et des détenus.

Le président tchadien Idriss Déby, lors d'un sommet économique des pays d'Afrique centrale, a appelé lundi "le président Nkurunziza, toute la classe politique et la société civile à suivre le chemin du dialogue".

Un photographe de Reuters a rapporté qu'entre 200 et 300 manifestants avaient lancé des pierres sur la police lundi dans le quartier de Cibitoke à Bujumbura. Ils se sont dispersés quand des soldats sont intervenus et ont tiré en l'air. Une manifestation a également eu lieu dans le quartier de Kirundi. (Clement Manirabarusha et Goran Tomasevic, avec Reuters TV, Madjiasra Nako à N'Djamena et Drazen Jorgic à Nairobi; Guy Kerivel pour le service français)