Coup de poker et coup de massue, l'annonce par le Premier ministre grec Alexis Tsipras d'un référendum le 5 juillet prochain pour lequel l'exécutif milite en faveur d'un 'non' préfigure une sortie de la Grèce de l'eurozone. Les intervenants réagissent d'autant plus mal que cette issue n'était pas franchement envisagée jusqu'à ce week-end.

Vers 14h00, le CAC 40 décroche 3,4% à 4.886 points. Dans le même temps, la Bourse d'Athènes est fermée pour la semaine sur instruction du chef du gouvernement héllène, lequel a pris tout le monde de court en annonçant un scrutin qui engage sa responsabilité, celle de son parti, l'avenir économique de son pays et peut-être aussi - surtout - celui de la zone euro. Cette dernière n'a jamais été aussi proche de perdre l'un de ses Etats membres.

Economiste en chef chez Oddo Securities, Bruno Cavalier juge que 'la rupture des relations entre la Grèce et le reste de l'Europe est désormais consommée'. Et de souligner: 'demain, 30 juin, la Grèce sortira du programme d'aide de 2012 sans aucune ligne de crédit. Elle fera défaut vis-à-vis du FMI, et sans doute d'ici peu vis-à-vis d'elle-même (paiement des fonctionnaires en IOU (reconnaissances de dettes) ).'

De leur côté, les équipes d'Aurel BGC relaient les propos du turbulent ministre grec de l'Economie Yanis Varoufakis, qui a confié au 'Bild' que la chancelière allemande Angela Merkel détient selon lui 'la clef' pour dénouer la crise actuelle. Par ailleurs, nonobstant l'annonce du référendum précité, le gouvernement grec reste(rait) 'ouvert à de nouvelles propositions des institutions' et l'exécutif pourrait appeler à l'approbation dudit scrutin en cas de propositions 'bien meilleures'.

Pour l'heure, 'des informations évoquant de nouvelles propositions de la Commission européenne commencent à circuler sur le marché depuis peu', tempère également Tony Cross, analyste marchés chez Trustnet Direct.

'Maintenant que la Grèce a pratiquement les deux pieds dans le vide, des concessions pourraient apparaitre des deux côtés (Grèce et créanciers) afin de faire avancer les choses', renchérit enfin un gérant de Barclays Bourse.

La peur de tomber dans le précipice rend les indicateurs macroéconomiques du jour totalement inaudibles à l'image du recul modeste des indices ESI de la Consommation européenne qui mesurent le sentiment économique et ont abandonné 0,3 point en séquentiel dans l'eurozone à 103,5 points ce mois-ci. Publiées en milieu d'après-midi, les promesses de logements aux Etats-Unis au titre du mois écoulé relèveront elles aussi de l'anecdote.

S'agissant des valeurs, aucune entreprise du SBF 120 n'évolue en territoire positif, une situation très rare. Les bancaires paient sans surprise le plus lourd tribut au clash entre la Grèce et ses créanciers puisque Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole cèdent respectivement 5,2, 5,5 et 5,6%, soit les 3 plus fortes baisses de l'indice phare.

Enfin, Alstom abandonne 3,4% sur fond de l'ouveture d'une enquête de l'AMF concernant le déficit de communication financière et de sincérité des comptes du groupe industriel.


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