Les marchés actions européens ont de grandes chances de se réveiller avec la gueule de bois. Hier, Londres et Paris ont gagné un peu de terrain pendant que Francfort et Zurich lâchaient quelques points en clôture. Mais c’était avant que Wall Street n’entame une lourde glissade qui s’est terminée à -1,34% pour le S&P500, -1,74% pour le Dow Jones et même -2,1% pour le Nasdaq. Il convient de bien distinguer deux mouvements d’ampleur différente. En premier lieu, on assiste à de grosses prises de profits sur le compartiment technologique. Sur les cinq dernières séances, les « GAFA », ou plutôt les « GAFAM » (Apple, Alphabet, Amazon, Facebook et Microsoft) sont les titres qui ont le plus pesé sur le S&P500. A la crainte sur la vigueur du marché des smartphones fondée sur les avertissements de TSMC, SK Hynix et AMS, est venue s’ajouter une publication mi-figue, mi-raisin d’Alphabet, la maison-mère de Google, qui a accru le mouvement de vente. L’ogre internet a publié une croissance impressionnante mais grâce à des coûts d’acquisition clients en vive hausse.

Une belle transition vers le second mouvement de fond, puisque les investisseurs s’inquiètent des fameuses « pressions inflationnistes ». Elles se renforcent, comme le montrent la hausse des coûts chez Google ou les déclarations des dirigeants de Caterpillar (-6,2% hier), qui ont appelé à la prudence sur les résultats des prochains trimestres à cause de la hausse du prix des matières premières, acier en tête. Dans le même temps, les obligations d’Etat américaines à 10 ans ont franchi brièvement le cap symbolique des 3% de rendement, tandis que le 2 ans fixait un plus haut depuis près de dix ans à 2,5%. Tous ces signaux concordent, surtout si on leur ajoute un marché (américain) du travail tendu et des politiques protectionnistes sources de renchérissement des biens. Or ce que craignent par-dessus tout les marchés actions, c’est une accélération du rythme du cycle de resserrement monétaire de la Fed. Si l’inflation se renforce, il ne fait guère de doute que la banque centrale américaine procèdera à quatre tours de vis cette année, et non trois comme cela avait été initialement pronostiqué.

A Paris, la séance risque de démarrer sur une baisse marquée de -0,7% environ, près des 5.400 points.

Les temps forts économiques du jour

Le calendrier macroéconomique n’est pas très fourni aujourd’hui. La principale information est attendue à 16h30 avec les stocks pétroliers hebdomadaires américains. Hier, le Brent et le WTI ont corrigé dans le sillage de Wall Street, pour clôturer respectivement à 73,85 USD et 67,81 USD. L’once d’or recule légèrement à 1.327 USD.

Les principaux changements de recommandations

• Berenberg passe de vendre à conserver sur Dassault Aviation en visant 1525 euros contre 1100 euros précédemment.
• Oddo BHF reste acheteur d’ID Logistics en rehaussant de 162 à 165 euros son objectif.
• Goldman Sachs reste acheteur de Kering avec un objectif relevé de 485 à 507 euros.
• Barclays reste à surpondérer sur Kering avec un objectif relevé de 450 à 480 euros.
• Crédit Suisse reste à surperformance sur Kering avec un objectif relevé de 460 à 515 euros.
• AlphaValue passe d’alléger à accumuler sur Seb en relevant de 162 à 169 euros son objectif.
• Oddo BHF dégrade d’achat à neutre sa recommandation sur Tarkett en visant 28,50 euros contre 36 euros précédemment.
• Société Générale reste à conserver sur Vilmorin mais réduit de 76 à 71 euros son objectif.

L’actualité des sociétés

Programme de publications d’entreprises XXL en France aujourd’hui, avec Air Liquide, Atos, Bic, STMicroelectronics, Valeo, Dassault Systèmes, Téléperformance, ou Eiffage, pour n’en citer que quelques-unes. Hier soir, Kering a une fois de plus démontré que le secteur du luxe est un monde à part. La maison-mère de Gucci a dopé ses ventes de 36,5% (!) au premier trimestre, à 3,1 milliards d’euros. Et encore, la base de comparaison était plutôt ardue puisque le premier trimestre 2017 avait déjà affiché une envolée de 37%. La parole est à Flavio Cereda qui suit le dossier pour Jefferies : « un nouvel exercice exceptionnel de la part de Kering, alimenté par une performance stratosphérique de Gucci ». Cereda, qui titre son commentaire « The Sultans of Bling » (un clin d’œil à Dire Straits, spécial vieux barbons) pense que les résultats seront au diapason compte tenu du levier dont dispose le groupe. Pour le reste, Total a signé un accord de développement avec Google dans l’intelligence artificielle. S&P a passé la perspective de la notation crédit « BB+ » de Casino à négative. Allianz a lancé le retrait obligatoire des titres Euler Hermès. Enfin, Carrefour et Système U ont lancé une coopération d’achat.

Dans la pharmacie, Takeda court deux lièvres à la fois, mais pourrait bien réussir sa chasse : le groupe a déposé son OPA amicale sur la biotech TiGenix et a démarré des discussions en vue d’un rachat de Shire, qui avait repoussé plusieurs propositions. Mais la dernière, pour 46 milliards de livres, présente un intérêt suffisant pour que le conseil d’administration de l’Irlandais accepte d’en discuter.

Ailleurs en Europe, les résultats du Crédit Suisse, de Statoil et de GSK sont les plus attendus. Aux Etats-Unis, on imagine que Twitter et Facebook, qui publieront respectivement à la mi-journée et ce soir, rêvaient d’une période plus propice. Boeing, Goodyear et Viacom sont aussi sur les tablettes avant l’ouverture, Ford, AT&T et PayPal après la clôture.