Avant la création de ce cœur artificiel, la seule solution viable était la transplantation cardiaque mais plusieurs facteurs font que ce traitement est, la plupart du temps, compliqué à mettre en place. Le faible taux de don d’organes implique un nombre restreint de greffons disponibles auquel il faut rajouter des problèmes de compatibilité entre les donneurs et les patients.

Tel que décrit par Carmat, le cœur artificiel de 860 grammes est composé d'éléments présents au sein de l'organe naturel : deux ventricules, quatre valves et un système de régulation. Il reproduit le fonctionnement du cœur naturel et les matériaux de constructions biocompatibles le constituant assurent une absence de rejet ainsi qu’une meilleure qualité de vie. C’est une véritable prouesse technologique de miniaturisation quand on le compare au premier cœur artificiel externe de 1969 qui consistait en un compresseur de plus de 250kg.

Pour un marché estimé aujourd’hui à 16 milliards d’euros, le prix estimé par Carmat de son cœur high-tech s’établit entre 140 000 et 180 000 euros alors que le coût d’une transplantation classique s’élève à 250 000 euros en France et peut atteindre 1 million de dollars aux Etats-Unis. Conséquence du manque de greffons dans les pays occidentaux, environ 100 000 malades ne pourront pas recevoir une transplantation, mais seulement 10 000 personnes seraient concernées par l’invention du professeur Carpentier. Plus lourd qu'un cœur humain (300g), il ne peut être implanté que chez des personnes corpulentes : il est compatible avec 70% des thorax des hommes et 25% de ceux des femmes.

Au soir du lundi 3 mars, l’équipe hospitalière a annoncé le décès du patient qui avait bénéficié de la première implantation de ce cœur synthétique. Le lendemain, Carmat demandait la suspension de sa cotation afin d’éviter une réaction exagérée des marchés. Par la suite, la société a fait savoir qu’elle ne s’exprimera pas tant que les résultats à 30 jours des prochains tests cliniques ne sont pas connus. En effet, de nouvelles greffes sont prévues dans les semaines à venir sur 3 nouveaux patients.

L’objectif principal de l’entreprise est d’obtenir la certification CE en vue d’une commercialisation du produit. L’étude en cours sera considérée comme favorable si trois des 4 patients atteignent le seuil de survie de 30 jours et début janvier, un représentant déclarait que la commercialisation sera effective d’ici 2 à 5 ans.

Il sera important pour le futur de ce projet de connaitre les causes du décès du patient. Si la fiabilité du cœur artificiel est remise en question, la société aura du mal à obtenir une certification et débuter une commercialisation dans les années qui viennent.

Le décès du premier patient est à relativiser : son état de santé était critique, il aura vécu 75 jours avec son cœur artificiel dépassant le seuil de survie prévu à 30 jours. Il est intéressant de rappeler que le premier patient à avoir bénéficier d’une greffe cardiaque en 1967 est décédé 18 jours après l’intervention.
Il est donc judicieux d’attendre les résultats des prochaines greffes afin de pouvoir juger du réel potentiel de cette avancée technologique. Si la première phase de test s’avère positive, une seconde est prévue pour la fin 2014 sur une vingtaine de patients dont l’état est moins critique et avec un seuil de survie à 180 jours.

Introduit au prix de 18,75€ en 2008, le titre a atteint son plus haut historique le 9 Juin 2011 en clôturant à 187,46€. Depuis 2 ans, le titre évoluait entre 91€ et 150€ avec une importante volatilité tant à la hausse qu’à la baisse. Après l’annonce du décès du premier patient lundi 3 mars et la suspension de cotation le lendemain, le titre gagne ce jeudi 6 mars plus de 5% et cote 95 euros.




Carmat fait figure d’entreprise encore en phase de développement avec un modèle économique qui n’est pas bien défini. Le marché des prothèses cardiaques artificielles reste limité et n’offre pas aujourd’hui de réelle visibilité. L’un des prochains axes de développement sera surement d’encore plus réduire la taille de cette prothèse afin de créer des plus petits modèles pour élargir les possibilités de débouchés sur le marché. L’entreprise est amenée à subir d’importants changements dans la structure de son capital, l’intérêt principal des "capital-investisseurs" étant de se séparer de leurs participations dans les prochaines années.

Il est aujourd’hui risqué de se pencher sur le titre qui reste réservé à des investisseurs avertis. Ceux ayant déjà commencé l’aventure devront suivre avec attention les prochains développements. Le pari sera réussi si Carmat arrive à commercialiser son produit ... mais le chemin est encore long.