par Alister Doyle

PARIS, 29 novembre (Reuters) - Les défenseurs de la planète joindront leurs mains dans quelques heures dimanche à Paris pour former une longue chaîne humaine alors que les dirigeants afflueront du monde entier dans la capitale française pour la COP21, la conférence des Nations unies sur le réchauffement climatique.

Cette 21e conférence de la convention de l'Onu sur le climat (COP21) est présentée comme une des dernières chances d'engager la planète sur la voie d'une économie sobre en énergie fossile et en carbone, avant que son réchauffement ne prenne des proportions catastrophiques.

Deux semaines après les attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts, l'instauration de l'état d'urgence et l'interdiction de la manifestation prévue à l'origine ont contraint les militants écologistes à revoir leurs projets de protestations à la baisse.

Le long du parcours de trois kilomètres initialement prévu pour la manifestation interdite, entre la place de la République et la place de la Nation, quelque 3.400 personnes s'accrocheront les unes aux autres pour former une chaîne humaine statique.

"C'est le moment pour le monde entier de se donner la main", déclare Iain Keith, directeur de campagne pour Avaaz, un des organisateurs.

Ce week-end, plus de 2.000 manifestations sont prévues partout dans le monde, de Sydney, à Djakarta, en passant par Berlin, Londres, Sao Paulo et New York.

Par ailleurs, plus de 10.000 manifestants qui devaient se rendre à Paris, ont envoyé des chaussures pour former une pile immense en signe de solidarité. Les organisateurs signalent que même le Vatican a envoyé une paire de chaussures pour représenter le pape François.

Alix Mazounie du Réseau action climat, un collectif d'ONG françaises, explique qu'une chaîne humaine n'est pas contraire à l'état d'urgence.

UN MILLIER DE MAASAÏ

"Ce n'est pas de la désobéissance civile", dit-elle. Ainsi, souligne-t-elle, la chaîne s'interrompra à chaque croisement de rue pour éviter de perturber le trafic.

Dans le cadre de l'état d'urgence, la France a assigné à résidence 24 écologistes jugés susceptibles de manifester violemment à l'occasion de la COP21, a annoncé samedi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui a dit assumer cette décision.

Son collègue Laurent Fabius a salué la tenue de manifestations et autres concerts et promenades à bicyclette à l'étranger. Il y aura même une marche d'un millier de Maasaï en Tanzanie pour le développement des énergies renouvelables.

"C'est très positif" que les différents gouvernements sentent une pression pour agir, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères.

Des marches se sont tenues dès vendredi et se sont poursuivies samedi, de Melbourne à Edimbourg.

La manifestation la plus importante sur le climat jamais organisée a eu lieu en septembre 2014 à New York où elle a réuni 310.000 personnes.

Samedi, des groupes religieux ont remis des pétitions appelant à une action plus déterminée sur le climat signées par 1,8 million de personnes à l'occasion de pèlerinages vers Paris. "Le temps des discours est fini depuis longtemps", déclare Yeb Sano. Ce Philippin a marché 1.500 km à partir de Rome.

La Suisse Fina Dinkelt, 28 ans, qui participait samedi à une marche à Zurich, dit craindre que les marches n'attirent pas suffisamment de monde.

"Il me semble qu'elle attirent seulement ceux qui pensent déjà de cette façon", dit-elle. "C'est un peu le problème." (Avec Michael Shields à Vienne; Danielle Rouquié pour le service français)