Ottawa (awp/afp) - La banque centrale du Canada a maintenu mercredi son taux directeur à 0,50%, pointant des "vulnérabilités financières (...) élevées", et a révisé à la baisse ses prévisions de croissance.

L'institut monétaire a estimé que le PIB s'est replié de 1% au deuxième trimestre en raison des incendies en Alberta, coeur de l'industrie pétrolière canadienne, mais aussi à cause des "échanges commerciaux volatils" et des "dépenses de consommation irrégulières".

La Banque table cependant sur un rebond à 3,5% au troisième trimestre grâce à la reprise de la production de brut et "au démarrage de la reconstruction à Fort McMurray", ville champignon où est basée l'exploitation des sables bitumineux, qui a été en partie détruite par les feux de forêt en mai.

La banque centrale s'attend également à une reprise des dépenses de consommation dans la foulée du versement aux ménages d'une nouvelle allocation familiale, mise sur pied par le nouveau gouvernement fédéral.

Tout en se félicitant des investissements en infrastructures et autres mesures de relance budgétaire annoncées en mars par l'administration de Justin Trudeau, la banque met en garde contre les risques liés à la spéculation immobilière.

"Les vulnérabilités financières sont élevées et s'accentuent, surtout dans les régions du Grand Vancouver et du Grand Toronto", souligne l'institut monétaire.

"Il s'agit d'un changement de ton par rapport à la dernière annonce" de politique monétaire, observe dans une note Nick Exarhos, analyste à CIBC Capital Markets.

"Bien que la croissance anémique exclut une hausse des taux dans le court terme, l'état du marché immobilier met clairement la barre haute pour une augmentation dans le futur", estime-t-il.

Mais le coup d'arrêt au deuxième trimestre de l'activité pétrolière a conduit l'institut d'émission à réviser à la baisse ses prévisions de croissance. La Banque du Canada prévoit une progression du PIB de 1,3% cette année contre 1,7% annoncé en avril. Pour 2017, la croissance devrait être de 2,2% et de 2,1% l'année suivante.

À l'étranger, elle pointe "les implications du vote sur le Brexit (qui) sont très incertaines et difficiles à prévoir" et s'ajoutent à "un climat d'incertitude accrue".

Dans ce contexte, elle a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale, tablant sur un taux de 2,9% cette année, contre 3,0% annoncé en avril. De même, elle a abaissé d'un dixième de point les prévisions pour 2017 et 2018, à 3,3% et 3,5%.

"Dans la foulée du Brexit, les prix de certaines catégories d'actifs ont subi une réévaluation marquée sur les marchés mondiaux. Les conditions financières, déjà expansionnistes, se sont encore assouplies", a observé la banque centrale.

Elle se réjouit en revanche des "signes de raffermissement" de l'économie américaine, générés par "un marché du travail sain et une progression solide de la consommation".

Au niveau de l'inflation, la banque juge que la cible de 2% est "en bonne voie" pour être atteinte en 2017, "à mesure que se poursuivra le processus d'ajustement complexe en cours au sein de l'économie canadienne".

afp/al