(Actualisé avec syndicat mixte aéroportuaire §20-22)

par Pierre-Henri Allain

NOTRE-DAME-DES-LANDES, Loire-Atlantique, 11 mai (Reuters) - U ne chaîne humaine regroupant plusieurs milliers de personnes s'est formée samedi à Notre-Dame-des-Landes pour protester contre le projet d'aéroport international prévu sur cette commune située à une vingtaine kilomètres de Nantes.

Quelque 40.000 manifestants selon les organisateurs, 12.000 selon la préfecture, ont dessiné sur les petites routes du bocage ligérien un périmètre de 25 kilomètres figurant les 1600 hectares retenus pour le projet d'aéroport.

La zone a été rebaptisée "ZAD" comme zone à défendre par ses opposants qui dénoncent "un gaspillage de terres et d'argent".

"L'objectif de cette chaîne humaine est de montrer que la ZAD est toujours sous la protection des citoyens, des élus, des associations", a souligné Françoise Verchère, conseillère générale PG de Loire-Atlantique et l'une des organisatrices de la manifestation.

"Nous voulons aussi montrer que le combat n'est pas terminé et que nous resterons mobilisés tant que le projet ne sera pas abandonné", a-t-elle ajouté.

Parmi les milliers de maillons formant cette chaîne humaine et rassemblant dans la bonne humeur des élus, des familles, des agriculteurs, des militants associatifs, Martine Billard, co-présidente du Parti de Gauche et Eva Joly, députée Europe Ecologie les Verts (EELV) avaient fait le déplacement.

"Je pense que la mobilisation ne va pas s'arrêter mais que le bon sens finira par l'emporter car ce projet est un non-sens économique et un non-sens écologique", a estimé l'ex-candidate à l'élection présidentielle de 2012.

CLIMAT APAISE

Après plusieurs années de polémiques et de nombreuses manifestations autour du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, initié depuis une quarantaine d'années pour remplacer l'actuelle aérogare nantaise, les tensions sont retombées d'un cran à la suite des conclusions d'un rapport d'experts mettant en cause divers éléments du dossier.

"Le climat s'est apaisé", constate Christophe Dougé, conseiller régional EELV et membre du comité regroupant 500 élus opposés à l'aéroport.

"A l'automne 2012, les occupants de la ZAD devaient être expulsés et les premiers travaux devaient commencer dans la foulée. Aujourd'hui selon le rapport d'expertise, il faudrait au moins deux ans d'études complémentaires et le chantier a été repoussé à une date indéterminée", souligne-t-il, se disant confiant dans l'abandon du projet mais néanmoins prudent.

"Tant que la déclaration d'utilité publique n'aura pas été annulée et le projet définitivement abandonné, il faut rester mobilisés", a-t-il dit.

Soutenu par les majorités des différentes collectivités de Bretagne et des Pays de Loire, le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est également défendu depuis son origine par l'ancien maire de Nantes et actuel Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

Selon ses promoteurs, il permettrait de développer le trafic aérien et les échanges dans la région tout en éliminant le survol actuel de la métropole nantaise par des avions.

Ses opposants dénoncent de leur côté la destruction d'une zone bocagère préservée comportant d'importantes zones humides et jugent ce projet économiquement "inutile".

"On va finir par faire passer l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique pour un simple aérodrome alors que c'est déjà un aéroport international qu'on va simplement déplacer", s'insurge Françoise Verchère.

"PROJET IRRATIONNEL"

L'expertise commandée par le gouvernement et dont les conclusions ont été remises début avril pointe quant à elle le manque d'études sur une possible optimisation de l'actuelle infrastructure et l'insuffisance des études d'impact sur le site de Notre-Dame-des-Landes.

"Ce projet, totalement irrationnel, est clairement en infraction vis-à-vis du droit communautaire sur l'eau ou la défense des espèces protégées et une procédure contentieuse a été engagée", indique Sandrine Bélier, députée européenne EELV venue de l'est de la France.

Chiffrée par la société Vinci, principal opérateur retenu pour ce projet et par la chambre de commerce de Loire-Atlantique à 508 millions d'euros, la facture totale pourrait s'élever à trois milliards d'euros selon les opposants au projet en tenant compte des infrastructures ferroviaires appelées à compléter le futur équipement aéroportuaire.

Dans un communiqué, Jacques Auxiette, président de la Région Pays de la Loire et du syndicat mixte aéroportuaire, prévient que la détermination des défenseurs du projet reste entière.

"Sans rentrer dans une nouvelle et inutile querelle de chiffres, force est de constater que la mobilisation contre le projet a, semble-t-il, diminué", écrit-il.

"Je veux y voir notamment les conséquences positives de la phase de dialogue engagée depuis fin novembre : celle-ci a démontré l'utilité de ce projet aux yeux de tous, notamment de la très grande majorité des habitants des régions Bretagne et Pays de la Loire qui veulent maîtriser leur destin, et des opposants, par la prise en compte des améliorations demandées." (Edité par Marine Pennetier)