PARIS, 29 août (Reuters) - Les deux journalistes français soupçonnés d'avoir réclamé de l'argent afin de ne pas publier un livre à charge contre le roi ont été présentés vendredi soir à un juge d'instruction, a-t-on appris samedi de source judiciaire.

Eric Laurent et Catherine Graciet, accusés d'avoir empoché de l'argent extorqué, étaient en garde à vue depuis jeudi après-midi.

Le parquet, qui s'était déjà saisi en enquête préliminaire, avait ouvert mercredi une information judiciaire pour tentative d'extorsion de fonds et tentative de chantage.

Selon Eric Dupont-Moretti, l'un des avocats du Maroc, l'un des journalistes avait contacté le palais royal le 23 juillet dernier pour annoncer la rédaction d'un livre et demander "des choses importantes".

Lors d'une rencontre avec un représentant du roi, il aurait demandé trois millions d'euros pour ne pas publier son ouvrage et le souverain chérifien a déposé plainte auprès du procureur de la République de Paris.

Lors d'une nouvelle réunion organisée jeudi à Paris sous le contrôle de la police et du parquet français pour piéger le journaliste et son co-auteur, ces derniers ont accepté de l'argent et signé un contrat, a ajouté sur RTL l'avocat du roi du Maroc.

"Le contrat, c'est en réalité la signature de leur culpabilité et la signature de ce chantage", a-t-il dit.

Me Eric Moutet, l'avocat de Catherine Graciet a invité à la prudence concernant les accusations formulées contre les deux journalistes.

"Le royaume du Maroc a des comptes extrêmement lourds et un passif à solder avec Catherine Graciet. Ce dossier démarre, il y a des propos imprudents surtout dans le contexte de risques d'attentats, parler de terrorisme dans une affaire comme celle-là parait un petit peu avancé. Complot ou pas complot, je n'en sais rien. Il est clair qu'ils ont été attirés dans un traquenard", a-t-il dit sur BFM-TV.

(Gérard Bon)