Santiago du Chili (awp/afp) - La Bourse de Santiago a sévèrement sanctionné le triomphe de la gauche et la victoire de Gabriel Boric sur l'extrême-droite dimanche au second tour de la présidentielle au Chili en ouvrant lundi sur une très forte baisse.

L'IPSA, principal indice de la Bourse de Santiago a fondu de 6,83% à l'ouverture à 12H30 GMT, avant de se reprendre peu après, au dessus de - 5%. A 13H30 GMT la chute était contenue à 3,13%.

Le dollar s'échangeait à 872 pesos à l'ouverture, quelque 30 unités de plus qu'à la clôture vendredi, dépassant son plus haut niveau depuis le 18 mars 2020, soit une dépréciation de la monnaie locale de 3,02%.

Le candidat d'extrême-droite José Antonio Kast et son programme ultra-libéral avaient les faveurs des marchés. La Bourse de Santiago avait salué son arrivée en tête à l'issue du 1er tour le 21 novembre par une hausse de quelque 9,25%.

M. Boric a été élu sur la promesse de la mise en place d'un Etat-providence, un changement d'ampleur dans le pays considéré comme le laboratoire du libéralisme en Amérique latine mais devenu le plus inégalitaire de l'OCDE.

Il entend mener une grande réforme fiscale pour faire participer les plus riches à son programme de meilleur accès à la santé, à l'éducation et à la création d'un nouveau système de retraite, aujourd'hui entièrement privé.

Mais il a promis dimanche soir devant ses partisans "plus de droits sociaux tout en restant fiscalement responsable". Une annonce également pour ses détracteurs qui le qualifient de "communiste" pour son alliance avec le Parti communiste chilien dans la grande coalition de gauche, qui inclut aussi le centre-gauche, qui l'a mené au pouvoir.

L'activité économique au Chili devrait par ailleurs connaître des lendemains difficiles.

Après une baisse de 5,8% en 2020 en raison des mesures de confinement imposées par la pandémie, le PIB du Chili a rebondi pour terminer l'année 2021 avec une croissance de 11,5%.

Mais une grande partie de cette croissance a été alimentée par des subventions gouvernementales (3 milliards de dollars) pour stimuler une économie ravagée par la pandémie, et par des retraits individuels dans les fonds de pension privés (50 milliards de dollars).

Dans un contexte d'inflation, la Banque centrale devrait en 2022 relever encore son taux d'intérêt directeur, passé de 1,5 à 4% en deux augmentations depuis octobre, pour passer à 6%, soit plus du double de la fourchette cible.

D'autant que le nouveau président de 35 ans n'a pas de majorité au Parlement lui laissant les coudées franches.

Des experts ont affirmé à un journaliste de l'AFP qu'il "lui sera difficile de satisfaire l'agenda social" et qu'"il ne pourra pas réaliser l'intégralité de son programme si de larges accords ne sont pas conclus".

afp/ol