S'épargner un ralentissement économique brutal reste la priorité du gouvernement chinois mais Pékin craint qu'un assouplissement trop marqué de la politique monétaire ne vienne gonfler la dette et alimenter les risques financiers, selon des conseillers du gouvernement.

Le Politburo, organe décisionnel du Parti communiste chinois (PCC), doit tenir une réunion dans le courant du mois pour discuter des politiques économique et monétaire applicables jusqu'à la fin de l'année.

A moins d'un choc économique violent, il est vraisemblable que le gouvernement s'attachera à stimuler la croissance par la voie budgétaire, accompagné d'une BPC généreuse en liquidités allouées sous diverses formes, comme il l'a déjà fait ces 12 derniers mois, ont expliqué les sources.

Mais selon l'une d'elles, la banque centrale pourrait bien abaisser ses taux de référence si la conjoncture économique se dégradait gravement.

"Dans des circonstances particulières - un choc externe fort, une Fed qui continue d'abaisser les taux, une conjoncture mondiale mauvaise et un retour des frictions commerciales - il est possible d'abaisser (le taux de référence) une fois et ce surtout pour stabiliser la confiance du marché", a dit cette source.

Une nouvelle réduction du coefficient des réserves obligatoires (RO) est probable, permettant de dégager un flux de crédit vers les secteurs économiques les plus justes financièrement, ont observé les sources. Ce coefficient a déjà été abaissé à six reprises depuis le début de l'année 2018.

"On a d'autres outils à notre disposition si une telle chose (un choc) ne se produit pas (...) les possibilités de baisser les RO (pour toutes les banques) sont limitées mais une baisse ciblée est plus facile", a poursuivi la source qui évoquait la possibilité d'une baisse du taux de référence.

LA DETTE REPART À LA HAUSSE

Pékin a pour objectif une croissance de 6% à 6,5% cette année et s'emploiera à ne pas la laisser tomber en deçà de cette fourchette au second semestre, ont encore dit les sources.

Mais le gouvernement ne veut pas ouvrir les vannes du crédit au profit d'une économie déjà très endettée, conséquence des plans d'urgence déployés durant la crise financière mondiale de 2008-2009 et au cours des phases économiques creuses qui ont suivi.

La dette s'est stabilisée l'an passé mais recommence à augmenter avec les nouvelles mesures de soutien déployées par Pékin. La BPC aurait ainsi dit aux banques récemment de ne plus réduire les taux du crédit hypothécaire, redoutant une nouvelle bulle spéculative dans l'immobilier.

"La marge de manoeuvre est plutôt étroite car on a déjà beaucoup fait sur les fronts monétaire et budgétaire", a expliqué une source. "On ne peut pas trop faire fonctionner la planche à billets; ça produit des effets secondaires".

La dette combinée de l'Etat, des entreprises et des ménages chinois représentait 303% du Produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre 2019 contre 297% au premier trimestre 2018, a dit la semaine dernière l'Institut of International Finance (IFF).

Pourtant, le gouvernement emploie plutôt l'arme budgétaire pour l'instant, ayant ainsi annoncé des réductions d'impôt représentant près de 2.000 milliards de yuans (259 milliards d'euros) et un quota de 2.150 milliards de yuans ouvert pour l'émission d'emprunt par les autorités locales afin de financer des grands travaux.

Les émissions des collectivités locales représentaient déjà 70,7% du quota annuel au premier semestre.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Kevin Yao