Pékin (awp/afp) - Pékin a relevé vendredi, pour le dixième jour consécutif, le taux de référence du yuan face au dollar, poussant la parité à son plus haut niveau depuis seize mois et confortant de facto la récente appréciation de la monnaie chinoise.

La banque centrale chinoise (PBOC) a remonté à 6,5032 yuans pour un dollar, en hausse de 0,36% par rapport à jeudi, le taux-pivot autour duquel le renminbi (autre nom du yuan) est autorisé à fluctuer. C'est un sommet depuis mai 2016.

Cela revient pour la PBOC à accepter et à encourager l'appréciation du yuan, face à un dollar en berne plombé par la démission du vice-président de la banque centrale américaine (Fed) et par une série d'indicateurs économiques médiocres aux Etats-Unis.

Cependant, le yuan se renforce depuis plusieurs mois face au billet vert, gagnant plus de 5,5% depuis fin juin.

La monnaie chinoise s'échangeait vendredi à 6,4501 pour un dollar, contre 6,4972 yuans jeudi en clôture, soit une appréciation de 0,72%

Pour Wang Tao, analyste chez UBS, ce renchérissement s'explique par un cocktail de facteurs, dont la faiblesse du billet vert et les efforts des autorités chinoises pour endiguer les sorties de capitaux hors du pays.

Dans le même temps, les risques d'une guerre commerciale entre Pékin et Washington se sont estompés et "l'amélioration de la conjoncture économique en Chine" a contribué à rassurer les marchés, poursuit Wang Tao dans une note.

Par ailleurs, les autorités chinoises peuvent être tentées de soutenir la valeur du yuan avant un congrès crucial du Parti communiste au pouvoir, prévu mi-octobre, estime Michael Every, économiste de Rabobank à Hong Kong.

"Rien, absolument rien, ne s'est fondamentalement amélioré en Chine au point de justifier cela", c'est-à-dire la rapide remontée du yuan ces derniers mois, a-t-il noté.

La Chine continue d'encadrer étroitement la convertibilité du yuan: celui-ci ne peut fluctuer que dans une fourchette quotidienne de 2% de part et d'autre du taux-pivot déterminé par la PBOC.

Mais le régime communiste assure cependant tenir compte des fluctuations du marché et de la demande pour ajuster ce taux.

Après une dévaluation de 5% orchestrée en août 2015 par Pékin, le renminbi était resté jusqu'à mi-2017 sous forte pression en raison d'une conjoncture chinoise morose, d'un dollar fort, et de colossales fuites de capitaux hors de Chine.

Le yuan était tombé fin 2016 au plus bas depuis huit ans.

Pékin, soucieux de faire du renminbi une "monnaie de référence" et de doper son usage dans le monde, s'est cependant efforcé tous azimuts d'enrayer la dégringolade --notamment en mettant à profit ses vastes réserves de changes et en durcissant son contrôle des mouvements de capitaux.

afp/jh