SHANGHAI, 3 mai (Reuters) - Les autorités chinoises ont enquêté l'an dernier pour tenter de déterminer si la division santé de Siemens et ses distributeurs avaient corrompu des responsables d'hôpitaux pour faciliter la vente de matériel médical, a-t-on appris de trois sources proches de l'enquête.

L'enquête, restée confidentielle jusqu'à présent, est à rapprocher de celle qui a visé plusieurs grands noms de la pharmacie en Chine l'an dernier et conduit le groupe britannique GlaxoSmithkline à débourser quelque trois milliards de yuans (380 millions d'euros) d'amende pour avoir versé des pots de vin.

L'Administration d'Etat du commerce et de l'industrie (SAIC) a accusé Siemens et plusieurs de ses distributeurs d'avoir enfreint la loi sur la concurrence en donnant des équipements médicaux en échange de l'exclusivité de la fourniture des agents chimiques nécessaires pour leur fonctionnement et leur entretien, ont précisé les sources.

Reuters n'a pas pu déterminer si Siemens avait réfuté ces allégations et si des sanctions avaient été prises à l'encontre du groupe ou de ses distributeurs.

Un porte-parole de Siemens en Allemagne a dit ne pas être informé de l'enquête et s'est refusé à tout commentaire spécifique.

"Nous ne sommes pas informés d'une quelconque situation correspondant à ce que vous décrivez", a dit Matthias Krämer en réponse à des questions adressées par courrier électronique à Siemens en Chine et au siège du groupe.

La SAIC s'est refusée à tout commentaire.

L'enquête, qui a concerné jusqu'à un millier d'établissements hospitaliers, pourrait préfigurer d'autres procédures visant des fournisseurs d'équipements médicaux, a dit l'une des sources.

Parmi les principaux acteurs du secteur présents en Chine figurent General Electric, Philips, Medtronic et Johnson & Johnson.

Les trois sources, dont deux ont été directement informées de l'existence de l'enquête, ont requis l'anonymat. L'une d'elle travaille en étroite relation avec la division santé de Siemens en Chine.

Siemens a réalisé un chiffre d'affaires total de 6,44 milliards d'euros en Chine en 2014, soit environ 8% de son activité globale. Le conglomérat industriel allemand emploie 32.250 personnes en République populaire, où il est également présent dans le secteur ferroviaire et celui de l'énergie.

(Adam Jourdan et Engen Tham, Marc Angrand pour le service français)