Pékin (awp/afp) - La Chine a réalisé sa première émission obligataire en dollars depuis 13 ans, enregistrant une demande onze fois supérieure à l'offre --une opération largement symbolique mais qui pourrait contribuer à réduire les coûts de financement des entreprises chinoises.

Le géant asiatique a levé 2 milliards de dollars jeudi sur le marché obligataire à Hong Kong, sa première émission de dette libellée dans la monnaie américaine depuis 2004, via des obligations à échéances cinq ans et dix ans, selon le ministère chinois des Finances.

Or, l'émission a été très largement sursouscrite, avec une souscription totale atteignant quelque 22 milliards de dollars, selon le ministère, signe d'un vaste appétit parmi les investisseurs.

Qualifiée d'"immense succès" vendredi par le vice-ministre des Finances Shi Yaobin, l'opération faisait l'effet d'une démonstration de force, au lendemain de la reconduite du président Xi Jinping à la tête du régime à l'issue d'un crucial congrès quinquennal du Parti communiste chinois au pouvoir.

Conséquence d'une forte demande: les obligations ont été émises à des taux beaucoup plus bas qu'escompté --ne s'établissant pour l'échéance dix ans qu'à 25 points de base au-dessus des bons du Trésor américains, la référence du marché.

Et ce en dépit de l'abaissement de la note souveraine chinoise par les agences de notation financière Moody's (en mai) et Standard & Poor's (en septembre): toutes deux s'étaient dites inquiètes des risques associés à l'explosion du crédit dans le pays.

Or, de tels abaissements se traduisent habituellement par un renchérissement des taux consentis lors des émissions obligataires, comme contrepartie d'un risque accru. Pékin avait vertement fustigé les décisions de Moody's et S&P, dont les experts avaient néanmoins jugé l'impact limité.

Certes, l'opération de jeudi n'était pas stratégique, d'autant que la Chine finance l'immense majorité de sa dette en renminbis (autre nom du yuan), et le montant apparaissait modeste.

Notamment par rapport aux 2.400 milliards de yuans (360 milliards de dollars) de dette, au moins, émis par le gouvernement central sur les neuf premiers mois de l'année, selon les chiffres compilés par Bloomberg.

En réalité, le ministère des Finances a reconnu volontiers, dans un communiqué jeudi, que l'objectif était d'établir un taux d'emprunt "de référence" pour les entreprises chinoises voulant se financer en dollars --en particulier les groupes étatiques.

La réussite de jeudi pourrait ainsi leur permettre d'emprunter des fonds à moindre coût. Et ce alors que les groupes d'Etat et banques chinoises devraient muscler leurs émissions d'obligations en dollars pour financer les massifs projets d'infrastructures des "Nouvelles routes de la Soie" initiées par Pékin à travers l'Asie.

afp/rp