Pékin (awp/afp) - Les investissements chinois à l'étranger, hors secteur financier, ont plongé de 35,7% sur un an en janvier, illustrant le récent durcissement des autorités, qui veulent restreindre drastiquement la fièvre d'acquisitions à l'étranger pour endiguer les fuites de capitaux hors du pays.

Ces investissements se sont élevés le mois dernier à 53,3 milliards de yuans (7,73 milliards de dollars), selon des chiffres du ministère du Commerce rapportés par l'agence étatique Chine nouvelle.

Ce repli s'explique avant tout par un net durcissement du régime communiste.

Après avoir encouragé ses entreprises à investir tous azimuts à travers la planète pour sécuriser de nouveaux marchés, des technologies et des approvisionnements de matières premières, Pékin a brusquement changé de ton fin 2016.

Le gouvernement a ainsi enjoint aux entreprises d'éviter les investissements "irrationnels" à l'étranger, en particulier dans l'immobilier, le sport et le divertissement, en tentant de distinguer les opérations stratégiques de méga-acquisitions risquées et souvent très spéculatives.

Les autorités sont d'autant plus enclines à mettre le holà que nombre de ces transactions sont réalisées à crédit -- alors que la dette chinoise (privée et publique) s'est déjà envolée à 250% du PIB.

Et, surtout, Pékin chercher à juguler à tout prix une colossale hémorragie de capitaux hors du pays, laquelle pèse lourdement sur le yuan.

Plusieurs médias financiers avaient rapporté que Pékin envisageait d'interdire la plupart des investissements de plus de 10 milliards de dollars, tandis que les acquisitions supérieures à 1 milliard de dollars et sortant des "activités fondamentales" du groupe chinois concerné seraient bannies.

Les investissements chinois à l'étranger ont atteint 170 milliards de dollars en 2016, soit une flambée de 44% sur un an, selon les chiffres officiels. Aucun secteur n'est oublié, du football au cinéma, des technologies high-tech au tourisme -- et jusqu'à l'application de rencontres gay Grindr! --, avec des montants parfois vertigineux.

Début 2016, le géant étatique ChemChina avait annoncé le rachat de l'agrochimiste suisse Syngenta pour 43 milliards de dollars.

Le conglomérat Wanda a mis la main sur le studio hollywoodien Legendary pour 3,5 milliards de dollars. L'assureur Anbang avait annoncé vouloir débourser 6,5 milliards de dollars pour s'emparer d'une chaîne d'hôtels de luxe.

Désormais, Pékin cherche à rationaliser ces opérations.

Les firmes chinoises ont investi le mois dernier dans près de 1.000 entreprises étrangères en attachant "une importance particulière à l'économie réelle et aux industries nouvelles", a expliqué Sun Jiwen, porte-parole du ministère.

Plus de 37% de ces investissements chinois à l'international en janvier ont d'ailleurs concerné l'industrie manufacturière, contre moins de 14% un an auparavant.

afp/rp