ajoute chiffre, communiqué de Myriam El Khomri, réactions CGT, FO et Medef 

PARIS (AFP) -- L'horizon s'éclaircit enfin : le chômage a enregistré en avril un deuxième mois consécutif de baisse, une série inédite depuis début 2011, passant également dans le vert sur les douze derniers mois, une première depuis la crise.

Après la forte baisse de mars, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a de nouveau baissé en avril de 19.900 personnes (-0,6%), reculant à 3,51 millions en métropole, a annoncé mercredi le ministère du Travail.

L'indicateur de Pôle emploi est aussi en baisse depuis le début de l'année (-69.400, -1,9%) et, pour la première fois depuis 2008, sur un an (-22.500, -0,6%).

Dans un communiqué très sobre, Myriam El Khomri s'est contentée d'attribuer ces baisses au "dynamisme des créations d'emplois", "porté par les mesures mises en place par le gouvernement": Pacte de responsabilité, CICE et aide à l'embauche pour les PME.

La ministre du Travail reste "déterminée à consolider cette reprise (...) afin que la baisse du chômage se poursuive et s'amplifie".

Au mois d'avril, la baisse est encore plus forte (-1,1%) en incluant l'outre-mer et les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité. Au total, 5,69 millions de personnes étaient inscrites dans les catégories A, B, et C de Pôle emploi.

Mais cette baisse coïncide avec une "hausse inhabituellement forte" des sorties pour défaut d'actualisation, avertit la Dares, le service des statistiques du ministère.

A la fin de chaque mois, les demandeurs d'emploi sont tenus de déclarer leur situation à Pôle emploi, sous peine d'être désinscrits d'office. En avril, 276.700 personnes sont sorties des listes pour ce motif, soit 55.700 de plus qu'en mars.

Le cabinet de Mme El Khomri explique cet événement statistique par le grand nombre de jours fériés début mai, pendant la période d'actualisation, et par des oublis de demandeurs d'emploi ayant retrouvé une activité.

- 'Baisse artificielle', selon la CGT -

En avril, la baisse du chômage a profité à toutes les classes d'âge: les moins de 25 ans (-1,0%) comme les 50 ans et plus (-0,3%). Mais leurs situations respectives restent diamétralement opposées sur un an, les jeunes connaissant une très nette amélioration (-7,6%) et les seniors une forte détérioration (+5,3%).

Chose extrêmement rare, le chômage de longue durée a aussi reculé (-0,7%) sur un mois, tout en restant en hausse sur un an (+5,8%). Fin avril, petite activité comprise, 2,47 millions de demandeurs d'emploi étaient inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an.

Pour le gouvernement, cette publication est une éclaircie dans un contexte social explosif. L'opposition au projet de loi travail se durcit, avec des blocages de raffineries et une nouvelle journée nationale de grèves et de manifestations jeudi.

Alors que le président François Hollande martèle que la France "va mieux", le patronat estime que ces manifestations à répétition fragilisent l'activité économique, au moment où les signes de reprise se multiplient.

Le Medef a d'ailleurs profité de ces chiffres pour dénoncer des blocages "irresponsables et scandaleux", qui risquent de "bloquer une fragile dynamique".

De leur côté, les deux fers de lance de la mobilisation, la CGT et Force ouvrière, ont immédiatement relativisé les bons chiffres. "Une manipulation semble être à l'oeuvre pour obtenir une baisse artificielle du nombre de demandeurs d'emploi", a accusé la CGT, tandis que FO a appelé à "ne pas se contenter des apparences".

La centrale de Jean-Claude Mailly a par ailleurs fait remarquer, non sans ironie, que "ces chiffres démontrent une fois de plus que le marché du travail et de l'emploi n'a pas besoin d'une loi d'inspiration libérale", mais de "croissance économique".

L'embellie sur le front de l'emploi coïncide en effet avec une accélération de l'activité: après avoir augmenté de 1,2% en 2015, le produit intérieur brut (PIB) a cru de 0,5% sur le seul premier trimestre 2016.

L'autre indicateur du chômage, le taux de l'Insee, a aussi entamé une légère baisse. Après avoir atteint un pic au troisième trimestre 2015, à 10,2% de la population active en métropole, il est repassé sous la barre des 10% en fin d'année, à 9,9%. Il s'est depuis stabilisé à ce niveau.