Il n'y avait pas beaucoup d'endroits pour se cacher hier sur les marchés boursiers, où la punition moyenne tournait autour de -3,5%. Un peu hermétiques aux signaux inquiétants qui commençaient à poindre un peu partout au cours des deux semaines précédentes, les indices ont reculé de trois marches à la fois hier. Les grosses technologiques n'ont pas joué leur rôle amortisseur aux Etats-Unis, au contraire, et les valeurs les plus fragiles se sont à nouveau effondrées. Hôtellerie, restauration, transport aérien, croisiéristes, automobile et événementiel ont logiquement trinqué à l'annonce des reconfinements partiels allemand et français.           

La date du 29 octobre avait été cerclée de rouge par les investisseurs depuis quelques temps, à cause d'un carambolage d'événements importants : première estimation du PIB américain du 3e trimestre à 13h30, décision de la BCE à 13h45 et résultats des GAFA en soirée. Le marché n'avait pas vraiment prévu d'inviter une seconde fois le coronavirus, mais puisqu'il s'est à nouveau incrusté, il faut bien faire avec. Le PIB américain sera nécessairement explosif, mais pas besoin de s'enflammer : son rebond attendu à plus de 30% n'est que le miroir de la baisse de 31,4% enregistrée au T2. Enfin, ça reste bon pour le moral même si l'on sait que, depuis, l'activité est plus chevrotante. Je ne me fais pas trop soucis pour les GAFA, dont les performances devraient encore être solides. Les publications auront lieu post-clôture américaine, donc leur impact ne sera visible que le lendemain.

La BCE espérait peut-être fêter Halloween tranquillement, mais la reprise rapide du coronavirus en a décidé autrement. Le scénario presque consensuel d'une seconde vague plan-plan a volé en éclats et les pays d'Europe sont confrontés à des taux de propagation dignes d'un film catastrophe. Les investisseurs et les Etats se tournent donc vers le prêteur en dernier ressort de la région pour qu'il colmate les brèches, à défaut de soigner les corps. Ça tombe plutôt bien, puisque ses membres ont répété à l'envi dernièrement que la banque centrale fera tout et même plus pour soutenir l'économie. Mon petit doigt me dit que c'est le "et même plus" qui intéresse désormais tout le monde. Est-ce que c'est vraiment sain ? La question mérite d'être posée. Est-ce que nous avons le choix ? Probablement pas. Que va-t-il se passer à 13h45 ? Les économistes pensent en majorité que la BCE va préparer le terrain pour annoncer lors de sa réunion suivante, le 10 décembre, un accroissement de son enveloppe de rachat d'actifs. A moins que les décisions de reconfinement prises en France et en Allemagne ne la poussent à dégainer plus vite.

Ces dernières semaines, les indices évoluaient dans un canal plutôt étroit en attendant l'élection présidentielle américaine. La réaccélération du coronavirus à l'ouest entraîne un regain de volatilité, visible dans les indicateurs avancés ce matin. Le CAC40 gagnait 0,5% à 4594 points peu après l'ouverture. En tout cas, c'est en début d'après-midi que se jouera une partie de la séance.

Les temps forts économiques du jour

Plusieurs indicateurs aujourd'hui, mais les plus importants seront sans conteste la première estimation du PIB américain du 3e trimestre (13h30) et la décision de la BCE sur ses taux (13h45, suivie de la conférence de présentation à 14h30). Cette nuit, la Banque du Japon a maintenu le statu quo sur ses taux directeurs, et sabré dans ses prévisions d'inflation et de croissance.

L'euro s'est stabilisé à 1,1751 USD. L'once d'or a pris un coup hier, à 1881 USD. Le pétrole continu à s'effriter, à 39,15 USD le Brent et à 37,47 USD le WTI. Le T-Bond s'affiche à 0,79% sur 10 ans. Le Bitcoin évolue à 13 280 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adyen : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1608 à 1777 EUR.
  • Banco Santander : Berenberg passe de vendre à conserver en visant 1,60 EUR.
  • Bic : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 48,60 EUR.
  • Cancom : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 56 à 50 EUR.
  • Centamin : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 240 à 200 GBp.
  • Deutsche Bank : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 7 à 7,50 EUR.
  • Essity : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours ajusté de 343 à 339 SEK.
  • Fresnillo : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1750 à 1725 GBp.
  • Implenia : Research Partners passe d'acheter à conserver.
  • Jungheinrich : MainFirst passe d'acheter à conserver en visant 35 EUR.
  • Michelin : RBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 113 à 119 EUR.
  • Polymetal : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2250 à 2275 GBp.
  • Puma : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 85 à 87 EUR.
  • Schneider : Goldman Sachs reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 83 à 85 EUR.
  • Sixt : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 95 à 90 EUR.
  • SMCP : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 7,50 à 6 EUR.
  • SoftwareOne : Citigroup passe de neutre à achat en visant 28,40 CHF.
  • SQLI : Genesta reste neutre avec un objectif de cours réduit de 22,45 à 20,85 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Résultats des entreprises

  • Airbus : le groupe, qui accuse une perte nette de 2,68 Mds€ sur neuf mois, vise au moins l'équilibre de free cash-flow ajusté au quatrième trimestre.
  • Orange : les résultats trimestriels de l'opérateur ont plutôt bien tenu par rapport aux attentes, ce qui permet à l'entreprise d'augmenter son dividende intermédiaire, et de s'engager sur un coupon de 0,70 EUR au titre de 2020.
  • Rexel : le groupe a constaté une amélioration séquentielle de ses revenus entre le deuxième et le troisième trimestres, mais le chiffre d'affaires est en baisse, tandis que la visibilité est encore trop limitée pour communiquer des objectifs 2020.
  • Sodexo : le groupe fait le dos rond malgré une chute d'activité attendue entre 20 et 25% sur le premier semestre de son exercice décalé 2020/2021. La marge d'exploitation devrait s'établir entre 2 et 2,5% sur la période. Ces annonces ont été faites en marge de la publication des résultats de l'exercice précédent, légèrement meilleurs que prévu.
  • Suez : le groupe a une fois encore repoussé les avances de Veolia, en marge de la publication d'un T3 plutôt robuste, marqué par le retour à une légère croissance organique. Les objectifs annuels ont été confirmés.
  • Sanofi : le laboratoire relevé sa prévision de bénéfice net par action 2020 après de bons chiffres au troisième trimestre.
  • TF1 : les revenus publicitaires ont rebondi de 7,5% durant l'été, qui a permis de tripler le résultat opérationnel. La visibilité reste toutefois très faible sur la fin d'année.
  • Worldline : le groupe, qui est en train de finaliser le rachat amical d'Ingenico, vise des résultats 2020 proche de ceux de 2019, après une contraction d'activité de 2,7% en organique au T3.

Annonces importantes

  • LVMH a convaincu Tiffany d'accepter une offre plus faible que ce qui était initialement prévu, pour éviter un long et coûteux procès. Le Français a réduit sa proposition de 135 à 131,50 USD par action du joaillier, qui l'a acceptée. Les actions judiciaires sont éteintes.
  • Peugeot a cédé 9,66 millions d'actions Faurecia, soit environ 7% du capital de l'équipementier, dans le cadre des opérations de rapprochement avec Fiat Chrysler. Le produit brut est de 308 M€.
  • Worldline détient 88,6% des actions Ingenico et rouvre son offre, conformément à la réglementation.
  • Plastic Omnium et ElringKlinger ont scellé une coentreprise 40/60 dans la pile à combustible pour se développer dans l'hydrogène.
  • Arkema investit dans Adatpive3D.
  • Abivax lève 28 M€.
  • AB Science émet 4,5 M€ d'OCABSA.
  • Gros contrat pour une filiale de Delta Drone.
  • GTT, Mersen, Madvertise, Marie Brizard, Tarkett, Manitou, Bastide, Noxxon, Mare Nostrum, HiPay, ont présenté leurs comptes trimestriels.

Dans le monde

Résultats des entreprises

  • Amgen : le laboratoire a relevé ses prévisions annuelles.
  • Anheuser-Busch Inbev : le brasseur a dégagé un Ebitda de 4,9 Mds$ au T3, au-dessus du consensus.
  • Clariant : sur neuf mois, le chiffre d'affaires s'est contracté de 6% à 2,84 MdsCHF.
  • Crédit Suisse : la banque a dégagé un bénéfice net de 546 MCH au troisième trimestre, en baisse de 38% et en deçà des attentes du consensus.
  • Deutsche Börse : les résultats du T3 sont en baisse, mais les objectifs annuels restent inchangés.
  • eBay : les résultats trimestriels ne convainquent pas vraiment le marché, avec un titre qui perd 4% après l'annonce.
  • Equinor : les résultats sont inférieurs aux attentes, à cause d'une charge de dépréciation plus lourde que prévu sur les actifs pétroliers.
  • Ford Motor : le bénéfice dépasse 2 Mds$ au T3, au-dessus des attentes. Le titre gagnait 5% hors séance.
  • Nokia : le spécialiste finlandais des réseaux télécoms a publié un bénéfice net inférieur aux attentes de la place au T3.
  • Pinterest : le titre flambe de 30% hors séance après la publication de résultats prometteurs.
  • Royal Dutch Shell : les bénéfices trimestriels sont moins élevés que prévus, ce qui n'empêche pas la major pétrolière de proposer un dividende en légère progression.
  • Standard Chartered : la banque britannique largement implantée en Asie a publié des résultats supérieurs aux attentes, grâce notamment à des provisions plus faibles pour créances douteuses.
  • Samsung : les résultats du troisième trimestre sont plus élevés que prévu, tandis que le quatrième trimestre devrait être un peu moins bon à cause d'une demande plus faible pour les puces électroniques.
  • Sony : l'action progresse à Tokyo, après le relèvement des objectifs annuels.
  • Sunrise : UPC détient 96,5% du capital après son OPA.
  • Visa : les trimestrielles sont en baisse, mais moins que prévu. La publication ne soulève pas un enthousiasme démesuré, le titre est à peu près stable post-clôture.
  • Volkswagen : le constructeur a retrouvé le chemin de la rentabilité au T3, comme il l'avait laissé entendre dernièrement.
  • WPP : la contraction organique de l'activité est un peu moins forte que prévu au T3.

Annonces importantes

  • Ericsson a été choisi par l'opérateur britannique BT Group pour déployer le réseau mobile 5G dans plusieurs grandes villes au Royaume-Uni.
  • L'audition des patrons de Facebook, Google et Twitter au Sénat a été longue et tendue.
  • Les données du traitement Covid de Regeneron sont plus solides que celles d'Eli Lilly.
  • Exxon Mobil maintient un dividende trimestriel de 0,87 USD.
  • Le remdesivir a déjà rapporté près de 900 millions dollars à Gilead.
  • Toyota rappelle 5,84 millions de véhicules dans le monde, pour un défaut de pompe de carburant, principalement en Amérique du Nord. Initialement, le rappel devait concerner 3,2 millions de véhicules environ.
  • Kioxia, la division de Toshiba qui n'a pu mener son IPO, va investir 9,5 Mds$ dans une usine ultramoderne pour répondre à la demande 5G.
  • Dow Jones croit savoir que Marvell Technology va racheter Inphi.
  • Harley-Davidson lance une société de… vélos électriques.

Ça publie. Apple, Amazon.com, Alphabet, Facebook, Samsung Electronics, Comcast, Shopify, Sanofi, NTT Docomo, Anheuser-Busch Inbev, Starbucks, Royal Dutch Shell, Volkswagen, Airbus, Equinor, Orange… En tout, plus de 160 sociétés pesant plus de 10 Mds$ au programme. Il va y avoir du sport. Les technologiques américaines publient généralement post-clôture, en tout cas pour les plus grosses.

Lectures