(Actualisé §2, Kerry appelle Netanyahu, Abbas §8)

par Maayan Lubell et Nidal al-Mughrabi

JERUSALEM/GAZA, 10 octobre (Reuters) - Les forces de sécurité israéliennes ont abattu deux Palestiniens âgés de 12 et 15 ans samedi lors de manifestations à la frontière avec la bande de Gaza, ont annoncé des médecins palestiniens.

La police israélienne a également annoncé avoir tué trois Palestiniens à Jérusalem, où les affrontements et les agressions se poursuivent à un rythme quotidien.

Au total, en onze jours de violences, quatre Israéliens et 21 Palestiniens ont été tués à Jérusalem, en Cisjordanie, à Gaza et dans des villes israéliennes.

Samedi, deux Palestiniens ont été abattus par la police après avoir agressé à l'arme blanche au moins quatre Israéliens près de la vieille ville de Jérusalem, a annoncé la police israélienne.

La police paramilitaire a également tué un Palestinien qui avait tiré sur elle dans la nuit de vendredi à samedi, dans le camp de réfugiés de Chouafat, à Jérusalem-Est. Dans un communiqué, le Hamas, groupe islamiste qui contrôle la bande de Gaza, précise que le Palestinien tué était l'un de ses membres.

A Gaza, l'armée israélienne a abattu les deux jeunes Palestiniens alors qu'ils participaient à des manifestations près de la clôture de sécurité à la frontière avec Israël, ont indiqué des responsables palestiniens.

Selon un porte-parole de l'armée israélienne, les manifestants, qui se trouvaient dans une zone de sécurité interdite, ont jeté des pneus enflammés et des pierres en direction des soldats qui ont tiré en l'air avant de tirer "sur les principaux instigateurs".

Près de la porte de Damas, dans la Vieille Ville de Jérusalem, un Palestinien a poignardé deux policiers, blessant grièvement l'un d'eux. Quelques heures auparavant, non loin de là, un Palestinien de 16 ans avait blessé à l'arme blanche deux juifs ultra-orthodoxes.

"INTIFADA"

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a téléphoné samedi au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et au président palestinien Mahmoud Abbas pour leur faire part de son inquiétude face à ces violences, a annoncé le département d'Etat.

La colère palestinienne trouve son origine dans la crainte que des visites régulièrement organisées par des groupes juifs, y compris par des élus, sur l'esplanade des Mosquées, dans la Vieille Ville de Jérusalem, finissent par remettre en cause le statut de l'endroit.

Lieu saint de l'islam et du judaïsme, le site est administré par les autorités religieuses jordaniennes. Les juifs, qui l'appellent Mont du Temple, peuvent s'y rendre mais n'ont pas le droit d'y prier, ce que certains contestent.

Les violences n'ont pas atteint l'intensité des intifadas de la fin des années 1980 et du début des années 2000 mais l'hypothèse d'un troisième "soulèvement" est désormais évoquée.

Le chef du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a ainsi estimé que la journée de vendredi marquait le début d'une troisième "intifada sur toute la terre de Palestine". (voir )

Ali al Karadaghi, un dignitaire musulman, a appelé samedi les fidèles à participer à ce qu'il a qualifié de soulèvement.

"Chaque musulman doit contribuer à l'intifada qui a commencé pour le bien d'Al Aksa et de la Palestine", écrit-il sur son compte Twitter.

En 2000, Ariel Sharon, à l'époque chef de l'opposition israélienne, s'était rendu sur l'esplanade des Mosquées, suscitant la colère des Palestiniens et enclenchant la deuxième intifada. Pendant ces cinq années d'affrontements, 3.000 Palestiniens et un millier d'Israéliens sont morts.

Des heurts entre Palestiniens et soldats israéliens ont également éclaté samedi près des villes d'Hébron et Ramallah, en Cisjordanie et, une fois encore dans le camp de Chouafat. De nombreux Palestiniens ont été blessés. Dix-sept d'entre eux ont été blessés par des tirs à balles réelles, selon le Croissant-Rouge palestinien. (Avec Noah Browning à Dubaï et Ali Sawafta à Ramallah; Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André, Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)