(Actualisé avec annonce de l'accord)

par Mohammed Ghobari

SANAA, 20 septembre (Reuters) - Un accord mettant fin aux combats dans la capitale yéménite Sanaa a été conclu samedi entre le gouvernement et les rebelles houtis, a annoncé l'émissaire des Nations unies au Yémen, Djamal Benomar.

Après plusieurs semaines de manifestations et de heurts, la tension s'était fortement accrue jeudi. Des combats avaient alors opposé les rebelles Houthis chiites à l'armée aux abords de la capitale. Samedi, les combats ont fait rage dans les faubourgs de Sanaa et les rebelles ont annoncé voir pris le contrôle du siège de la télévision publique.

Un couvre-feu a été instauré dans quatre secteurs de la capitale. Il devait entrer en vigueur à 21h00 et durer jusqu'à 06h00 du matin. Les établissements scolaires ont été fermés jusqu'à nouvel avis.

"Cet accord sera un document national qui fera avancer la voie d'un changement pacifique et qui posera les fondations d'un partenariat national pour la stabilité et la sécurité", a déclaré Djamal Benomar dans un communiqué.

Les préparatifs sont en cours pour la signature, a-t-il dit.

L'émissaire a eu des discussions jeudi et vendredi avec le chef houti Abdelmalik al Houti dans sa province de Saada.

Un autre chef rebelle Houthi, Abdelmalik al Adjri, a dit à Reuters que des représentants de son groupe venant de Saada pourraient atteindre la capitale dimanche pour signer un accord de fin de crise.

Le président yéménite Abd Rabbou Mansour Hadi avait auparavant apporté publiquement son soutien aux efforts de l'émissaire de l'Onu.

La rébellion armée des Houthis, qui dure depuis des années dans le nord du Yémen, est l'un des trois problèmes en matière de sécurité auxquels est confronté le pouvoir yéménite, avec un mouvement sécessionniste dans le sud du pays et l'implantation sur une grande partie du territoire d'Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).

FERMETURE DES ECOLES

Les Houthis affrontent depuis jeudi dans la banlieue de Sanaa l'armée et les hommes des tribus alliées aux partisans de la tribu sunnite Al Ahmar, l'un des clans les plus puissants du Yémen fortement représenté au sein de l'état-major et du gouvernement.

Le siège de la télévision publique, situé à proximité d'autres institutions étatiques, a pris feu samedi matin, après trois jours d'attaques au mortier.

Le patron de la télévision publique, Hussain Baslim, a déclaré à Reuters que le bâtiment avait été encerclé par les rebelles houtis. La diffusion a ensuite été interrompue.

Des employés de la télévision ont dit à Reuters que les rebelles avaient pris d'assaut le bâtiment. Le Houthi Ali al Emad a dit que son groupe contrôlait les points de contrôle de l'armée qui gardent le complexe.

La télévision a recommencé à émettre par la suite, apparemment d'un lieu différent.

Des habitants et des proches des victimes ont signalé la mort d'au moins 16 personnes entre vendredi soir et samedi matin, dont dix d'une même famille qui tentaient de fuir leur domicile dans le quartier de Chamlane dans le nord de Sanaa. Leur véhicule a été touché par un tir au mortier.

De source médicale, on a déclaré à Reuters que 13 Houthis étaient morts samedi dans les combats dans la capitale.

L'université de Sanaa, la plus importante du pays, est restée fermée samedi après la chute d'un obus de mortier dans son enceinte vendredi. Le ministère de l'Education a annoncé la fermeture temporaire des écoles à partir de dimanche pour assurer la sécurité des professeurs et des élèves, a annoncé l'agence Saba. (Bertrand Boucey et Danielle Rouquié pour le service français)