"Une démarche cruciale dans la sélection de fonds est celle de déterminer les risques associés aux classes d’actifs et d’évaluer sa sensibilité en tant qu’investisseur... Comment mesurer ces risques ?
Il existe plusieurs mesures du risque. Celle qui est la plus utilisée a trait à la volatilité, autrement dit à la dispersion des performances dans le temps. Il y a également la « value at risk » qui vise à rendre compte de la perte maximale d’un fonds. La tracking error est une autre mesure de risque, relative à un indice.

Que doit-on entendre par sensibilité au risque ?

La sensibilité au risque renvoie à plusieurs acceptions. En premier lieu, elle consiste à mesurer l’exposition d’un portefeuille en cas de variation de marchés sur différents fronts : les devises, les taux d’intérêt….
Une sensibilité globale, découlant de l’agrégation de plusieurs sensibilités à un facteur de risque individuel, est à distinguer.

Cette sensibilité au risque suppose-t-elle nécessairement la définition préalable d’un budget de risque ?

Il est assurément important de déterminer un budget de risque en amont de la sélection de fonds pour la construction d’un portefeuille.
Deux étages sont dissociables. Au premier étage, il est question de caractériser un profil de risque global. Au second étage, il convient de délimiter une exposition par type de risque.

La volatilité doit être appréciée sur plusieurs années glissantes…
Ceci de manière à bien identifier le comportement du fonds dans des périodes particulièrement heurtées, comme 2011 ou 2008.
Souvent, pour avoir un cycle complet, une période de dix ans est retenue.

La source de la volatilité du marché peut varier au cours du temps...

Elle peut par exemple découler d’une zone géographique à un moment donné et provenir d’un secteur à un autre moment.

Doit-on se donner un seuil au-delà duquel le niveau de volatilité ne doit pas aller ?

L’examen se fera à la fois dans l’ampleur de la volatilité et dans la comparaison de la volatilité d’un fonds avec celle des autres fonds de la même catégorie et avec l’indice de référence.

Comment aborder deux fonds qui présentent de prime abord un niveau de volatilité similaire ?

Des méthodes statistiques, consistant à faire des régressions à partir des performances passées, permettent de dégager les expositions historiques d’un fonds à différents facteurs de risque. Cela permet de comparer des fonds entre eux.
Une hiérarchie est ainsi possible à partir de l’identification des principaux facteurs explicatifs des fluctuations.

Il s’agira de mettre en évidence les biais d’un portefeuille ?

Absolument.

L’examen de la volatilité a toutefois une portée limitée…

Elle donne une bonne vision des risques passés et aide à établir une hiérarchie entre différents fonds mais elle ne renseigne pas nécessairement sur les risques dominants à l’avenir.

La corrélation des risques doit être gardée à l’esprit pour une appréciation globale d’un fonds ?

Nous nous efforçons à l’aide d’outils spécialement conçus, de considérer la corrélation des risques sous-jacents à chaque titre détenu en portefeuille. Certains risques peuvent paraitre élevés pris individuellement. Néanmoins la composition du portefeuille par le biais de la décorrélation pourra afficher un risque global plus limité.

Quels vous paraissent être les risques majeurs à capter dans la configuration actuelle du marché ?

Vraisemblablement le risque pays et le risque de taux d’intérêt.

Il peut arriver qu’un nouveau de type de risque apparaisse et qu’un temps d’adaptation soit nécessaire pour l’assimiler ?

Le Brexit constitue une bonne illustration. De là, la décomposition pays et devises a revêtu une importance accrue. Les modèles de risque ont dû s’adapter en conséquence.

In fine, des principes de bon sens ont vocation à contribuer à un cantonnement du risque pris dans la sélection de fonds…

Un premier principe est celui de ne pas investir dans des portefeuilles trop concentrés. Il est rare que nous sélectionnions, chez LBPAM, un fonds actions qui contienne moins de 30 lignes. S’agissant des fonds positionnés sur les obligations à haut rendement, nous nous orientons davantage vers les portefeuilles ayant 70 à 80 lignes car le risque de défaut est asymétrique.
Enfin, au-delà des risques financiers, il est opportun de s’intéresser aux risques extra-financiers.

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