(Actualisé avec précisions sur la garde à vue et le compte Facebook §1 à §3 et §8)

AJACCIO, 13 février (Reuters) - Le nationaliste corse Charles Pieri, placé en garde à vue mardi dans l'enquête pour injures envers Dominique Erignac, la veuve du préfet de Corse assassiné il y a 20 ans, a été libéré en fin de journée, a-t-on appris de sources policières.

Il serait également bien le propriétaire du compte Facebook qui a diffusé le message injurieux, selon le procureur de la République Eric Bouillard.

"Le fameux compte 'Di l'Altu Pianu' est bien celui de Charles Pieri depuis 2010 et il n'a pas été piraté", a-t-il dit à Reuters. "Il reste à savoir s'il est bien l'auteur de ce message".

Ce membre de l'exécutif du parti indépendantiste Corsica Libera présenté comme l'un des cadres du FLNC (Front de libération nationale corse), était interrogé à la gendarmerie de Ghisonaccia (Haute-Corse) dans le cadre d'une enquête pour injures publiques en fonction du sexe, de l'origine.

Il est soupçonné d'être l'auteur d'un message injurieux sur le réseau social Facebook comparant notamment la veuve du préfet aux femmes qui ont collaboré avec l'occupant nazi.

"Mme Erignac est le symbole de la femme française. Ces courageuses femmes françaises qui, de 1940 à 1944, réussirent à faire 400.000 petits bâtards aux valeureux soldats du 3e Reich", pouvait-on lire dans le message diffusé sur un compte attribué à Charles Pieri et qui est resté en ligne pendant quatre jours.

Ces lignes avaient été postées le 7 février, après l'allocution de Dominique Erignac pour inaugurer la place Claude-Erignac. Ces propos ont soulevé l'indignation de la classe politique, y compris des nationalistes.

Le nationaliste a été relâché vers 18h30 sans avoir fait de déclaration, précise-t-on de source policière. Il devrait être convoqué à nouveau après l'analyse des éléments techniques, a ajouté Eric Bouillard. Son ordinateur et son téléphone portable ont été saisis dans l'après-midi par la police.

L'avocat de Charles Pieri, Me Eric Barbolosi, s'est dit "surpris par le placement en garde à vue et par le traitement qui est fait de cette affaire".

"C'est du jamais-vu" a conclu le conseil de Charles Pieri, condamné notamment par la justice en 2006 pour des infractions financières en relation avec une entreprise terroriste. (Paul Ortoli, édité par Yves Clarisse et Caroline Pailliez)