Zurich (awp) - Les déboires de Deutsche Bank continuaient de peser vendredi sur le secteur bancaire, tirant vers le bas les places financières mondiales. La Bourse de Zurich et les banques UBS et Credit Suisse ne dérogeaient pas à la règle et affichaient des pertes marquées. Certains analystes relativisent toutefois la portée globale de ce mouvement de panique des investisseurs.

Vers 10h50, les titres Credit Suisse et UBS se délestaient respectivement de 3,1% et 2,8% à 12,20 et 12,65 CHF. Julius Bär perdait pour sa part 1,3% à 38,84 CHF. Les financières Swiss Re (-1,2%,), Bâloise (-1,6%), Zurich Insurance (-2,0%) et Swiss Life (-2,1%) tiraient également la langue. Le Swiss Market Index (SMI) reculait de 1,34%.

A la Bourse de Francfort, le titre Deutsche Bank chutait de 5,5% à 10,28 EUR, dans un DAX en recul de 1,60%.

Le géant systémique allemand se trouve sous le feu des projecteurs depuis quelques temps. L'établissement est menacé d'une amende record de 14 mrd USD par les autorités américaines, montant censé solder la crise des subprime de 2008. L'exposition aux produits dérivés de Deutsche Bank et sa situation financière soulèvent également des inquiétudes.

Dernière épisode en date, la presse a révélé que différents fonds spéculatifs se détourneraient du géant allemand en raison des difficultés susmentionnées.

Il ne faut pas confondre Deutsche Bank et des établissements comme UBS et Credit Suisse, qui disposent de ratios de fonds propres élevés, prévient Arnaud Masset, analyste chez Swissquote. Pour le spécialiste, la tendance actuelle relève clairement d'un mouvement de panique qui plombe le secteur en entier. "Les banques suisses ne sont pas en danger", a-t-il indiqué à AWP. M. Masset souligne que Deutsche Bank paie notamment sa forte exposition à des actifs risqués.

"UN CAS ISOLÉ"

Selon Andreas Ruhlmann, analyste chez IG Bank, il est encore trop tôt pour parler de mouvement de contagion à l'ensemble du secteur. "C'est un cas isolé", lance-t-il. Quoiqu'il arrive, Deutsche Bank sera sauvée, à en croire M. Ruhlmann. Cet avis est partagé par son homologue de Swissquote qui évoque trois scénarios, à savoir l'intervention de l'Etat, une séparation en plusieurs entités ou un rachat.

"La crise de 2008 est encore très présente dans la tête des gens, ce qui peut expliquer cet effet de panique. A mon avis, le risque systémique est écarté", estime Andreas Ruhlmann.

Pour ce dernier, la récente décision des pays exportateurs de pétrole (Opep) pèse davantage que Deutsche Bank sur l'humeur des marchés, principalement aux Etats-Unis. Une éventuelle hausse des cours du brut pourrait avoir des répercussions sur l'inflation et pousser la Réserve fédérale américaine (Fed) à relever ses taux directeurs plus rapidement que prévu, ce qui est perçu négativement.

Pour JP Morgan, Deutsche Bank devrait trouver assez rapidement un accord pas trop dommageable avec les autorités américaines. Le géant allemand ne fera pas faillite, selon Kepler Cheuvreux qui souligne toutefois l'importance du montant de l'amende pour l'avenir de la banque.

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