Zurich (awp) - La Banque des règlements internationaux (BRI) a lancé mardi un appel sans équivoque aux autorités, les appelant à "protéger" les investisseurs "contre la prolifération des cryptomonnaies", a indiqué Agustín Carstens, directeur de la banque centrale des banques centrales. Le bitcoin enregistrait parallèlement une chute spectaculaire.

"L'ascension fulgurante des cryptomonnaies ne doit pas nous faire oublier la place importante qu'occupent les banques centrales en tant que dépositaires de la confiance du public", a dit M. Carstens lors d'une conférence à Francfort. Selon ce dernier, "des jetons numériques privés se faisant passer pour des monnaies ne doivent pas nuire à cette confiance".

Pour le responsable de l'institut d'émission bâlois, les autorités doivent veiller à ce que les progrès technologiques ne servent pas à légitimer les profits d'activités illégales et doivent éduquer et protéger les investisseurs.

Le bitcoin "associe aujourd'hui les caractéristiques d'une bulle, d'une pyramide de Ponzi et d'une catastrophe pour l'environnement", a lancé M. Carstens à l'attention de la cryptomonnaie la plus répandue. Ces monnaies virtuelles ne doivent donc pas "parasiter l'infrastructure institutionnelle du système financier".

Après s'être envolé à près de 20'000 USD en décembre 2017, le bitcoin n'a cessé de chuter, tombant brièvement mardi matin sous la barre des 6000 USD sur la plateforme de négoce Bitstamp. A 11h28, la devise virtuelle s'échangeait autour de 6533 USD.

Face à l'envolée en 2017 du bitcoin, "la peur de 'manquer une occasion' a fait grimper la demande", a rappelé Nicolas Roth, responsable des actifs alternatifs à la banque Reyl. "Malgré les risques et la volatilité, les cryptomonnaies sont le reflet des mouvements tectoniques qui modifient la façon dont les affaires sont menées. Il faut s'attendre dans le futur à quelques petits séismes", a-t-il ajouté.

Arnaud Masset de Swissquote a souligné que la capitalisation boursière des cryptomonnaies a plongé de 100 mrd USD à 280 mrd en moins de 24 heures, sous les coups de boutoir des régulateurs. Depuis le plus haut de début janvier, 550 mrd se sont évaporés.

Autorités monétaires et acteurs financiers à travers le monde ont en effet durci le ton ces derniers jours. En Chine, où les plateformes d'échanges avaient déjà dû cesser leurs opérations en septembre, le gouvernement veut désormais étouffer les ultimes transactions de cryptomonnaies, a indiqué lundi un média officiel. Les autorités ont notamment bloqué l'accès aux plateformes d'échange.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a aussi mis en garde lundi contre les cryptomonnaies, des actifs selon lui "très risqués" et dont le prix est "entièrement spéculatif".

Le sujet sera notamment abordé au prochain G20 Finances en mars, où les ministres français et allemand des Finances vont présenter des propositions communes sur la régulation des cryptomonnaies.

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