Tokyo (awp/afp) - Les autorités japonaises ont ordonné jeudi à deux plateformes locales d'échange de cryptomonnaies de cesser temporairement leurs opérations, parmi d'autres sanctions adressées à des acteurs du secteur après le piratage géant subi par Coincheck en janvier.

Dans un communiqué, l'agence des services financiers (FSA) a indiqué avoir ordonné aux plateformes FSHO et Bit Station d'arrêter leurs opérations pendant un mois à partir de jeudi.

Selon l'agence, FSHO "n'a pas un système efficace de contrôle des échanges et n'a pas formé ses employés", tandis qu'un employé de Bit Station "a détourné des dépôts de monnaie virtuelle de certains clients pour son usage personnel".

Les deux plateformes n'étaient pas joignables dans l'immédiat pour réagir à cette décision.

Les autorités ont également exigé de cinq autres plateformes, dont Coincheck, d'améliorer leurs pratiques.

Après cette annonce, le cours du bitcoin, principale monnaie virtuelle, a chuté de plus de 5%, repassant sous la barre des 10.000 dollars.

Il est tombé sous 9.600 dollars, selon des chiffres compilés par le fournisseur de données financières Bloomberg, avant de remonter autour de 9.950 dollars vers 08H00 GMT.

Coincheck avait déjà subi des mesures administratives après le piratage massif qu'elle a connu en janvier et qui a abouti à la perte de l'équivalent de 530 millions de dollars en cryptomonnaie NEM.

Après ce vol, le plus important dans l'histoire des devises virtuelles, la société s'est engagée à rembourser quelque 400 millions de dollars au 260.000 clients affectés.

- systèmes dépassés -

Lors d'une conférence de presse jeudi, Coincheck, a indiqué qu'elle compte commencer à rembourser ses clients affectés par le vol et reprendre ses opérations dès la semaine prochaine, ajoutant que les détails seraient précisés ultérieurement sur son site internet.

Son directeur opérationnel Yusuke Otsuka a précisé que le système de l'entreprise avait été piraté après que plusieurs salariés eurent ouvert des e-mails contenant des logiciels malveillants.

La plateforme n'a pas réussi à mettre à jour ses systèmes pour suivre le rythme rapide du développement du marché des cryptomonnaies, a-t-il ajouté, précisant qu'elle allait renforcer les restrictions d'accès à son serveur.

Interrogé sur d'éventuelles démissions de responsables de l'entreprise après cet incident, le PDG de Coincheck, Koichiro Wada, a répondu que le groupe "est dans un processus d'examen, et que cela inclut (cette option)".

En février, sept clients de la plateforme (deux entreprises et cinq particuliers) ont déposé une plainte contre Coincheck, demandant un remboursement de leurs dépôts perdus mais aussi un dédommagement pour les intérêts perdus en raison de l'incident.

Après ce piratage, la FSA avait mené des perquisitions au sein de plusieurs plateformes locales d'échanges et avait demandé à une douzaine de plateformes de rendre compte de leurs efforts pour gérer les risques pesant sur la sécurité de leurs systèmes.

Depuis l'an dernier, les autorités japonaises ont durci les règles à l'égard de ces plateformes d'échange de cryptomonnaie, qui doivent s'enregistrer auprès de la FSA.

Au moment du piratage, Coincheck n'avait pas encore obtenu une telle licence mais avait reçu l'autorisation de continuer à opérer dans l'attente d'une décision des régulateurs.

afp/rp